L'après-midi même, il avait surpris la presse en visitant, sans crier gare, la commune de Drancy en Seine-Saint-Denis. Il n'avait prévenu les médias qu'à midi le jour même. La journaliste d'Arrêt sur Images a témoigné n'avoir été prévenu que 20 minutes avant le départ. Sarkozy voulait « se rendre discrètement en banlieue ». Dans son entourage, on avait peur des contre-manifestations.
Le soir sur CANAL+, il se pavanait à tort: « Moi, je vais dans tous les endroits de la République sans aucun problème, c'était le cas en Seine-Saint-Denis aujourd'hui ». Il visitait certains endroits de la République à condition de venir à l'improviste. Et ce n'était pas la première fois. Quand il n'était pas officiellement candidat, il procédait déjà ainsi, la visite de dernière minute pour éviter les critiques, les opposants, les récalcitrants.
On appelait cela la trouille de la « France Forte ». Il s'agissait de répliquer, avec trois jours de retard, aux deux jours de visites et rencontres de François Hollande dans quelques banlieues de France (Vaux-en-Velin, Trappes, Creil, etc).
Contre Hollande, le candidat sortant lâcha: «Je suis très impliqué dans la vie des quartiers, depuis longtemps. J'ai vu que M. Hollande y avait passé deux jours. Mais il n'y a pas une seule idée qui soit sortie de ces deux journées». Et il s'est encore attribué un effort qui n'était pas le sien, les fameux «46 milliards d'euros investis pour l'amélioration de la vie de nos quartiers». Le plan de rénovation urbaine datait de ... 2004, combien de fois faudra-t-il le rappeler ? Il était très vindicatif contre la gauche d'il y a 30 ans. Il est comme cela, Nicolas Sarkozy, ses épouvantails datent des années 80.
« Qui propose un nouveau plan de rénovation urbaine ? C'est moi (...) Dans les quartiers, ils savent très bien, ce qu'il en est. Il y a ceux qui parlent de la misère, ceux qui l'exploitent et puis, il y a ceux qui essaient de faire qu'il y ait moins de ghettos.»Le matin même, devant la CGPME, il avait tenté de convaincre qu'il ne fallait pas baisser l'impôt sur les sociétés des PME... Pour faire bonne figure, il rappela sa proposition de la veille, fusionner les délégués du personnel, le comité d'entreprise et le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) pour les entreprises de 50 à 300 salariés, en une seul comité baptisé «comité des salariés et des conditions de travail».
A Drancy, il est allé voir quelques représentants d'autorités religieuses (juif, musulman et protestant), au centre culturel berbère. « Tous ensemble, nous devons lutter contre ceux qui veulent dévoyer la religion ». On se souvenait du « curé plus fort que l'instituteur » pour éduquer nos enfants, réclamé par Nicolas Sarkozy dès décembre 2007.
Fâcheuse coïncidence, l'épouse Carla avait invité quelques copines du 16ème arrondissement de Paris pour une réunion « Tupperware ». Ces gens-là n'étaient pas dans le monde de tout le monde. Hors sol...
« Je voulais faire cela depuis longtemps mais je m'y suis prise trop tard à cause de mon bébé »a-t-elle expliquer pour se justifier... Un an de retard ! Fichtre ! « Toutes les présentes sont des femmes parfois oisives, souvent fortunées. Des épouses d'hommes d'affaires ou alors venues du mileu de la mode, du show biz, de la télévision. Une styliste voisine avec une journaliste ou la femme d'un producteur de cinéma » témoigna Guy Dutheil, un journaliste du Monde.
L'image était terriblement contreproductive pour le candidat du peuple.