Derrière les murs et derrière la prison
Mon Dieu il y a peut-être des gens qui s’en vont
Parmi les rues tranquilles des gens tranquilles
Avec leur petite vie au bout d’une ficelle
Mon Dieu est-il possible de croire encore
Derrière ces murs à tout l’envers du décor
Je vis là je ne sais pas depuis combien d’années
Depuis le temps j’ai bien le droit de m’en aller
D’aller voir entre deux sanglots ce qui se passe
Dans la petite chambre à papier bleu qui est sûrement en face
Depuis le temps j’aurai fini par oublier
Pourquoi je suis un homme et pourquoi je suis né
Et je me traîne à quatre pattes dans ma cellule
Pour ne pas entendre au fond de moi cette bonté qui hurle
Et ce n’est pas ma faute si j’aime encore les enfants
Comme une pomme qui agace un peu les dents
Ô Vous ne soyez pas de l’autre côté des fenêtres
Approchez-vous de moi quand le gardien pénètre
Approchez-vous et parlez-moi comme un enfant
Qui parle seul à un enfant.
René-Guy CADOU (1920-1951).
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