L'auteur, Alexandre Duval, est rédacteur-blogueur chez Merlin Assurance.www.merlinassurance.ca
Lors de son dévoilement, il y aexactement un an, le Plan d’action sur les véhicules électriques 2011-2020 dugouvernement du Québec décevait de nombreux observateurs. La partie la pluscontroversée de ce projet, qui aura investi 165 millions de dollars une foisvenu à échéance, concerne le volet automobile : le gouvernement prévoitque 300 000 véhicules électriques rouleront dans la belle province d’icihuit ans. S’agit-il là d’un vœu pieux?
La logique du gouvernement
En 2008, plus de 40 pourcent desgaz à effet de serre (GES) émis au Québec provenaient du secteur destransports. À lui seul, le transport routier était responsable du tiers detoutes les émissions. Le gouvernement comme les experts y voient donc unimmense potentiel de réduction des GES : avec un peu de volonté,d’investissements et de progrès technologique, il serait possible d’améliorersignificativement le bilan environnemental du Québec en ne se préoccupant quedu secteur des transports.
Si le Québec réussissait, commele prévoit le Plan d’action, à faire en sorte que 25 pourcent des nouveauxvéhicules vendus durant l’année 2020 (ou 118 000 véhicules, selon lesprévisions) soient électriques, il réussirait à réduire sa dépendance au pétroleétranger et à éliminer l’émission de quelques 900 000 tonnes de GESannuellement.
Tout le monde semblerait donc ygagner. D’une part, les citoyens québécois ne flamberaient plus leurs paieschez le pompiste puisqu’alimenter leur voiture avec l’hydroélectricité produiteici coûterait sept fois moins cher qu’avec de l’essence. D’autre part, laprovince ferait bonne figure sur la scène internationale en évitant deconsommer des centaines de millions de litres d’essence annuellement.
Les incitatifs du Plan d’action
Si un sondage effectué en 2009par Hydro-Québec dévoilait que moins de 10 pourcent des sondés étaient capablesde nommer une marque de voiture électrique, 75 pourcent d’entre eux se disaientnéanmoins prêts à considérer l’achat d’un tel véhicule, à condition que lesurplus à payer par rapport à un véhicule roulant à l’essence n’excède pas 5000dollars.
Le Plan d’action 2011-2020propose donc aux particuliers, aux entreprises, aux organismes et auxmunicipalités d’importants rabais à l’achat d’un véhicule électrique ou d’unhybride, totalisant 50 millions de dollars. Fini le traditionnel créditd’impôt; le gouvernement assume désormais directement une partie du coût desvéhicules électriques vendus à des particuliers Québécois, et ce parfois jusqu’àconcurrence de 8 000 dollars.
Les rabais accordés varient enfonction du rendement environnemental des voitures éligibles auprogramme : plus la voiture est « verte » – et donc plus soncoût est logiquement élevé – plus le gouvernement délie les cordons de sabourse. Les voitures ciblées par le Plan d’action sont les véhiculesentièrement rechargeables, les hybrides rechargeables avec une batterie de 4kWh et plus, les électriques à basse vitesse et les hybrides.
Or, plus l’acheteur tardera à seprocurer son nouveau véhicule, moins le rabais accordé sera substantiel. Parexemple, celui ou celle qui achètera une Nissan Leaf ou une Chevrolet Volt en2012 bénéficiera d’un rabais variant entre 5000 et 8000 dollars,comparativement à celui ou celle qui se procurera le même véhicule en 2015 etqui ne touchera que de 2000 à 3000 dollars.
Un Plan d’action voué à l’échec?
Malgré cette aide financièreplutôt importante, plusieurs observateurs ont souligné l’apparente incohérencede certaines facettes du Plan d’action 2011-2020. Le député péquiste NicolasGirard soulignait l’an dernier qu’en 2010, même si le gouvernement du Québecaccordait alors des crédits d’impôt à l’achat de véhicules verts, seulement 42 voituresneuves vendues cette année-là étaient électriques, soit 0,01 des ventes totales.
« Lemême gouvernement veut nous faire croire qu'il fera passer le nombre à 118 000[et 25 pourcent des ventes annuelles] d’ici 2020. C'est de la penséemagique ! », tonnait monsieur Girard sur Cyberpresse.Il ajoutait également que le rabais promis par le gouvernement n’allait êtredisponible que pour 10 000 voitures, jusqu’en 2015 seulement.
Un calculrapide lui permettait de déterminer que si tous les rabais prévus trouvaientpreneur, ils ne permettraient tout de même la vente que de 2 500 voituresélectriques par année. Or, ces 2 500 voitures ne représentent que 0,6pourcent des ventes annuelles de véhicules neufs au Québec! Daniel Breton,président de Maîtres chez nous XXIe siècle, ne pouvait, lui aussi, que douterde l’atteinte de la cible ultime: « Et de2015 à 2020, ces ventes passeraient à 25 pourcent? », questionnait-il avecironie.
Ainsi, quand le gouvernement projette que rouleront 1,2millions de voitures électriques au Québec en 2030, est-il en train de jeter dela poudre aux yeux des citoyens? Seul l’avenir permettra de lui donner tort ouraison pour avoir fait montre d’autant d’ambition. Entre temps, Hydro-Québec acommencé, ce printemps, à installer son circuit de bornes de rechargeélectriques pour rassasier les quelques avant-gardistes qui auront prisavantage de ce Plan d’action et qui rouleront dorénavant à l’énergie propred’ici.