Un désert un peu trop peuplé pour moi ...

Ce désert un peu trop peuplé pour moi ... 

Comme vous l'avez peut-être constaté si vous m'avez suivi, ce n'est pas vraiment ma semaine ... et hier était même un des pires jours que j'ai connu sur une course.
Pas dans le coup ; mais ça je l'étais dès le départ, j'ai juste voulu assurer un petit rythme qui me permette d'aller au bout ... Mais j'ai eu très chaud, les conditions étaient difficiles avec un ciel un peu couvert et une chaleur étouffante. J'ai sans doute trop bu au ravitaillement et mon estomac s'est vite rebellé ... Au final j'ai essayé de marcher jusqu'à la ligne d'arrivée, tout au bout d'une de ces immenses lignes droites dont le MDS semble avoir le secret. Aline me rattrape d'ailleurs juste avant celle ci et me soutiendra une fois l'arrivée franchie. Je ne suis pas bien brillant. Après un premier petit traitement, le corps médical décide de me perfuser, c'est bien la première fois que cela m'arrive... et je n'aime pas ça, même éthiquement parlant ... Enfin l'infirmière et la médecin sont très attentionnées et je peux ainsi voir un autre aspect de cette gigantesque épreuve, mais bon je ne suis pas bien brillant. Merci à elles tout de même, cela me permet sans doute de rester sur mes pieds et leurs soins sont efficaces et prodigués avec le sourire, un exercice pas si facile vu le monde sous la tente infirmerie.
Merci également à Jean-François et Cyril pour leur soutien pendant l'étape et à ceux qui m'ont aidé. C'est le bon côté de ce MDS. La présence des amis est plus que la bienvenue car par ailleurs j'ai vraiment du mal avec la foule rassemblée dans ce désert un peu trop peuplé pour moi ... Ce matin je reprends donc le départ dans un état pas vraiment bon, nous avons 35 kms à parcourir, ce qui en tant normal ne me pose guère de soucis ... Là je vais juste courir les 18 premières minutes et ensuite marcher tout le long, à un rythme à peu près correct malgré des douleurs stomacales toujours présentes. En outre, je n'ai guère mangé depuis deux jours. Il fait chaud à nouveau mais le vent nous rafraîchit un peu. La première partie s'étire encore sur d'interminables lignes droites mais heureusement par la suite nous franchissons quelques djebels et longeons des oasis. C'est plus varié et je me sens un tout petit peu mieux. De toutes façons il n'est plus question pour moi d'aller vite, surtout me préserver pour la suite, le Saint-Jacques étant un projet bien plus important pour moi. Mon talon, bien douloureux les deux premiers jours, m'a plutot laissé tranquille. Sur la deuxième partie de la course je redouble pas mal de concurrents qui semblent exténués mais essaient tout de même de courir dès qu'ils le peuvent. Cela semble être l'épreuve de leur vie et j'ai un peu de mal à bien vivre ça en étant sur un mode « économie d'énergie ». Je pense que ce MDS marque aussi le fait que je tourne doucement, depuis quelques temps déjà, la page compétitive de ma vie sportive. Bien sûr, je serai encore au départ d'autres belles épreuves, mais mon calendrier n'est pas si chargé que cela (la prochaine « vraie cours » sera l'Andorra Ultra Trail le 4 juillet) et je pense de plus en plus me tourner vers des défis personnels qui me motivent bien davantage et qui me semblent être dans la continuité de ma pratique.
Le fait d'être complètement en dehors de la course ici, sur une épreuve à laquelle j'avais pas mal pensé au fil des années, me conforte dans cette idée. Je vais sans doute essayer de terminer tout de même ce MDS, ne serait ce que pour me préparer pour la suite et retrouver un semblant de forme. Mais la chaleur et le moral peuvent en décider autrement. En tous cas j'ai hâte d'être dans quatre jours à Ouarzazate, sans doute bien plus qu'à mon habitude. A l'heure où j'écris, le vent souffle très fort sur le campement, un autre aspect difficile à gérer sur ce MDS.
Sylvain