En effet, les conditions idéales étaient loin d'être réunies lorsqu'il s'est lancé dans l'aventure : entre une série de restructurations (une succession d'externalisation et de ré-internalisation), qui a rendu tous les collaborateurs méfiants, et une organisation reposant entièrement sur des processus hyper-formalisés, les idées avaient tendance à être rapidement bloquées, souvent à la source.
La démarche que Richter souhaitait mettre en place devait être adaptée au contexte de l'entreprise. Il lui a donc fallu ré-instaurer la confiance et faire tomber les principales barrières. Première étape, c'est un modèle typique de capital-risqueur qu'il a choisi : n'importe lequel des 250 employés de son département peut venir lui soumettre une idée, sous la forme d'un pitch court, de 30 minutes. L'objectif de cette présentation est d'esquisser les bénéfices potentiels pour l'entreprise face aux efforts nécessaires et aux coûts engendrés, sans pour autant chercher à dégager un modèle économique auquel Richter ne croit pas dans ces phases amont, d'incubation.
Si l'argumentaire est suffisamment convaincant, le projet passe à l'étape suivante, en recevant son premier tour de financement. Là encore, l'expérience va à l'encontre des théories et, surtout, des craintes habituelles. Car la plupart des idées qui sont émises peuvent être mise en œuvre, pour un premier test, avec un minimum de moyens. Richter indique qu'en 10 mois, il a investi moins de 10 000 $ dans les idées qui lui ont été soumises.
Le plus important à ce stade du processus est de définir un livrable et une échéance, au besoin en limitant la portée du "prototype" à produire, de manière à éviter tout risque qu'il ne s'étale indéfiniment dans le temps, sans résultat tangible. Ensuite seulement, si l'essai se transforme en succès, alors interviendra le deuxième tour de financement, indispensable pour passer au mode "industriel".
Enfin, une dernière étape apporte la touche finale à ce cycle : la publication, sur l'intranet de l'entreprise, des idées proposées, toutes les idées, qu'elles réussissent ou non, avec leurs résultats. Cette exposition publique constitue un facteur majeur de motivation et de confiance des collaborateurs et un instrument de démonstration de la (dure) réalité de l'innovation : pour quelques succès il y a beaucoup d'échecs, qui doivent aussi être mis à profit pour progresser, devenant ainsi autant d'occasions d'apprendre...