Apprends ce qui est le plus simple
Il n’est jamais trop tard
Pour ceux dont le temps est venu !
Apprends l’ABC, cela ne suffit pas, pourtant
Apprends-le ! Ne te laisse pas rebuter,
Commence ! Tu dois tout connaître.
Car tu dois diriger le monde.
Apprends, homme à l’hospice !
Apprends, homme, en prison !
Apprends, femme, en ta cuisine !
Apprends femme de soixante ans !
Car tu dois diriger le monde.
Va à l’école, sans-abri !
Procure-toi le savoir, toi qui as froid !
Toi qui as faim, jette-toi sur le livre ; c’est une arme.
Car tu dois diriger le monde.
N’aies pas peur de poser des questions, camarade !
Ne te fie à rien de ce que t’on dit,
Vois par toi-même !
Ce que tu ne sais pas par toi-même,
Tu ne le sais pas. Vérifie l’addition,
C’est toi qui la paies,
Pose le doigt sur chaque somme,
Demande : que vient-elle faire ici ?
Car tu dois diriger le monde.
BERTOLD BRECHT
cité par le camarade-poète Yvan sur son blogue