Préserver la ressource
Impossible de ne pas prêter au préalable une oreille au mouvement de grogne des martins-pêcheurs, dont les conditions de vie et de travail deviennent de plus en plus difficiles, face à la surexploitation des richesses naturelles (j'ai essayé de tenir le même discours à mon directeur des ressources humaines, j'en suis ressorti épuisé moi aussi, il va falloir que je m'économise!). Comme tous les pêcheurs ne s'appellent pas Martin et pour ne pas contribuer à déséquilibrer une situation déjà fort fragile, la recette qui suit privilégiera les produits de la terre et ne nécessitera qu'un minimum de travail, si ce n'est de la patience. Et une bonne dose de chance.
Chou farci à l'araignée de mer
Parmi les bestioles à qui j'aime bien faire subir des sévices alimentaires, l'araignée tient une bonne place. Contrairement au pape lors du concile, elle ne doit pas faire de bulles lorsqu'on la retourne. On privilégiera les femelles, plus en chair, une chair à la fois plus fine et goûteuse. Pour reconnaitre un mâle d'une femelle, rien de plus simple, il suffit de lui baisser sa culotte si elle en a une. Dans le cas contraire (si elle n'en a pas), prendre rendez-vous avec son ophtalmo.
Ingrédients
Pour un chou farci, compter un certain nombre d'araignées, des mygales de préférence, elles sont plus charnues, mais on ne choisit pas toujours sous nos latitudes.
Repérer un champ de choux, idéalement non génétiquement modifié, mais ce n'est pas fondamental vu l'indigence de la recette ("Du moment qu'on a la Santo", aiment à plaisanter les survivants d'Anniston empoisonnés à petits feux par la célèbre multinationale).
Et c'est là qu'il faudra savoir s'armer de patience. Il va s'agir d'écarter délicatement les feuilles de chou et d'attendre que les araignées viennent les farcir spontanément une à une. En saison, cela peut être rapide, sinon, on peut user de subterfuges. Du genre, écrire "cabine téléphonique" sur une feuille du chou, pour attirer les arachnides désireuse de passer un coup de fil, ou encore "cinéma" à l'intention de celles qui auraient envie de se payer une toile, justement il y a Spiderman 3 qui passe en ce moment.
Une fois un nombre suffisant d'araignées prises au piège, refermer rapidement les feuilles et les ficeler. Celles qui se croient au cinéma vont penser que la séance va bientôt débuter, les autres tenteront d'appeler en vain l'opératice. Et voilà le résultat!
Elles sont pas belles, mes feuilles de chou? Il n'y a plus qu'à les passer à la casserole et mouiller avec un fumet de perce-oreilles (rapport aux feuilles de chou, évidemment!) que l'on aura ramassés au préalable. Il ne reste plus qu'à se régaler.
Posté par Patrick Cadolif à 07:07
P.S.: évidemment, Cuisine de la mer n'en est pas encore arrivé à cette extrémité, même si la ressource maritime tend à s'épuiser dans certains domaines. Mieux vaut cependant aller s'inspirer pour de vrai de ce blog remarquable allant d'aller écumer chez le poissonnier, fût-il de Morteau!