Attention, ce métier n’a rien à voir avec les hôtesses de bar en Europe et dans le reste du monde. Au Japon ils sont plus des « entertainers » des animateurs, des serveurs et ne s’adonnent normalement pas à la prostitution, même si certains établissements pratiquent le mélange des genres.
Ceux que l’on appelle les « hôtes » et « hôtesses », sont particulièrement présents dans les quartiers chauds, comme Shinjuku à Tokyo ou Minami à Osaka. Les garçons sont facilement repérables: cheveux longs souvent teints, montés en brushing et qui rappellent les personnages du manga « sangoku », peaux marquées aux UVs, sourcils épilés et costumes sombres qui serrent leurs frêles silhouettes. Si pour un occidental leur apparence peut prêter à rire, leur style est minutieusement élaboré pour être le plus séduisant possible vis à vis de la gente féminine japonaise. Le style androgyne serait en effet un atout de séduction dans l’archipel, bien loin de toute virilité.
Les hostess sont elles habillées et coiffées comme des princesses et sont plus ou moins belles selon leur niveau. Elles cultivent une image de femme enfant – poupée, avec une voix aigüe, des mimiques surjouées, et un maquillage et un style vestimentaire glamour. Certaines ont même recours à la chirurgie esthétique pour se démarquer dans ce monde où règne une compétition féroce.
Il y a plusieurs niveaux ou catégories d’hostess et d’hostos. Ceux de bas étages, qui font carrément du racolage dans la rue ou dans les bars pour attirer les clients, et ceux qui restent bien au chaud dans leurs bars. Dans le monde du « mizushôbai » on trouve tous types d’établissements, selon les prix et les préférences physiques. Des bars ou snack bar bon marchés, en passant par les bars où ne travaillent que des étrangères (russes, brésiliennes), les bars lugubres, et les établissements prestigieux où le moindre verre se paie une fortune et où l’on trouve la crème des hostess, dont des mannequins.
Une hostess ou un hosto peut gagner entre 250 000 et jusqu’à plusieurs millions de yens par mois selon l’établissement qui l’emploie et selon les pourboires et les bonus qu’il accumule. Dans un bar prestigieux, où la bouteille de champagne peut se payer à 2500 euros, un ou une employée peut gagner environ 10 000 – 15 000 euros par mois en travaillant quasiment tous les soirs. Cette rémunération peut doubler voire tripler selon le statut de l’hostess (chef de table, mamasan, …).
Mais attention la vie d’une hostess ou d’un hosto, même dans les lieux les plus prestigieux est loin d’être belle et douce. Entre une énorme pression de la part de la hiérarchie et le fait de devoir supporter des individus qui pensent qu’on peut tout acheter avec l’argent, ils doivent vivre avec un stress constant. Sans compter que le rythme de vie est très dur, avec un travail essentiellement de nuit, beaucoup d’alcool à avaler, et un investissement important dans la préparation et l’entretien de son image. Une hostess doit par exemple régulièrement acheter de nouvelles robes, de nouveaux sacs à mains, souvent de grandes marques, doit aller chez le coiffeur avant de se rendre sur son lieu de travail, faire des soins beauté plusieurs fois par semaine, etc… En général autant les hommes que les femmes peuvent dépenser jusqu’à plusieurs centaines d’euros par semaine pour « rester beau ».
Tous ces travailleurs de la nuit sont payés sous la table même s’ils sont déclarés comme employés de restauration. Il n’est pas rare qu’à la fin du mois certains se fassent racketté au moment où ils transportent leur solde dans leur sacoches. On dit que beaucoup d’entre eux finissent fous, en raison des séquelles du cocktail « pression-alcool-nuit ».
Généralement les hostos ou hostess sont des étudiant(e)s ou des gens qui souhaitent simplement arrondir leur fins de mois. Il n’est pas rare de trouver des mères au foyer par exemple ou des étudiantes. Une carrière peut durer de quelques années (la grande majorité des cas) à toute une vie (pour les mamasans).