Interview (presque) imaginaire : Nicolas Dupont-Aignan

RENAN APRESKI : Ici Brest, les Bretons parlent aux…

NICOLAS DUPONT-AIGNAN : Il suffit ! Arrêtez ça ! C’est scandaleux !

R.A. : Ben qu’est-ce qu’il y a ?

N.D.-A. : Comment osez-vous parodier, au début de chacune de vos interviews, le discours que le Général tenait aux Français depuis Londres ? Comment osez-vous vous moquer ainsi du sauveur de la France, du symbole de la grandeur de votre pays ?

R.A. : Mais il n’y a rien d’irrévérencieux là-dedans, je vous jure, c’est plutôt un hommage, au contraire…

N.D.-A. : Défendez-vous à votre guise, faquin ! Il n’empêche que votre attitude témoigne de l’ampleur de la fange dans laquelle Nicolas Sarkozy a fait choir notre pays !

R.A. : Bon, bon, je vous ai compris…

N.D.-A. : Mais vous continuez ? Avouez : vous avez été payé par l’infâme usurpateur pour ridiculiser publiquement l’héritage intellectuel du Général dont je suis le porte-parole ?

R.A. : Mais non, mais non… Bon, vous l’avez comp…. Pardon, vous vous en doutiez, je reçois donc le candidat de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan. Monsieur Dupont-Aignan, à moins de deux semaines du premier tour, vous êtes toujours à la traine dans les sondages ; les Français vous connaissent mal, pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de votre programme ?

N.D.-A. : Bien évidemment : il ne s’agit ni plus ni moins que de restaurer la grandeur de la France, redonner à notre pays et à notre langue la place qui leur est due dans le monde ; il faut sortir la France du rôle de vassal des États-Unis et de l’Europe que lui fait jouer l’ignoble usurpateur, ce qui signifie sortir de l’OTAN et affirmer notre souveraineté face aux instances européennes en…

R.A. : Oui, oui, ça, on connait, mais je vous demandais des idées plus en rapport avec les préoccupations immédiates des Français !

N.D.-A. : Ah, mais pas de problème, monsieur, je ne suis pas déconnecté des réalités des Français ! Debout la République a des solutions pour tout ! Pour l’école, par exemple, nous proposons de conditionner le versement des allocations familiales à l’assiduité scolaire…

R.A. : C’est déjà fait, c’est une mesure de Nicolas Sarkozy !

N.D.-A. : Ah, ne me comparez pas à cet imbécile doublé d’un infâme traitre qui vend la France éternelle à l’étranger ! Laissez-moi continuer : pour renforcer le budget des universités, nous prônons la défiscalisation des soutiens des ménages et des entreprises…

R.A. : En clair, les particuliers et entrepreneurs qui ont les moyens d’investir dans une université n’auront pas d’impôts à payer sur cet investissement ?

N.D.-A. : C’est tout à fait ça !

R.A. : Ben je voudrais pas vous vexer, mais c’est la continuation de la réforme d’autonomisation des universités ! Et puis baisser les impôts des riches, c’est aussi assez proche de ce que fait Sar… le président sortant !

N.D.-A. : Assez d’insinuations malsaines ! Écoutez plutôt mes propositions pour lutter contre l’insécurité : augmenter l’effort en faveur de la police et de la gendarmerie, durcir les peines des délinquants multirécidivistes, réformer l’ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs délinquants afin de permettre la mise à l’écart effective des jeunes délinquants dangereux en abaissant la majorité pénale à 16 ans et en créant 5000 places en centres éducatifs fermés ! Qu’est-ce que vous dites de ça ?

R.A. : J’en dis que ça aussi, ça ressemble beaucoup à la politique de l’UMP… Et pour l’immigration, tant qu’on y est ?

N.D.-A. : Et bien si je suis élu, je conditionnerai l’obtention des titres de séjour au respect de principes tels que l’interdiction de la polygamie et l’apprentissage de la langue française, je rétablirai le contrôle à nos frontières, je suspendrai pour cinq ans le regroupement familial…

R.A. : Hum ! Et pour le domaine économique et social ?

N.D.-A. : Là encore, mon programme est très clair et novateur : baisser les charges sociales et les remplaçant progressivement par la TVA sociale, autoriser la déduction de l’ISF de la moitié des sommes investies par les particuliers dans l’économie productives, obliger chaque bénéficiaire du RSA à travailler une journée par semaine pour une collectivité publique, abroger l’obligation de 20% de logements sociaux par communes…

R.A. : Stop !

N.D.-A. : On dit « Arrêtez » ! Dites-le en français, sacrebleu !

R.A. : Je m’excuse, monsieur Dupont-Aignan, mais regardez les choses en face : baisser les impôts des riches, faire des cadeaux aux entreprises, mettre les pauvres au travail forcé, faire encadrer le pays par des policiers, favoriser la répression, fliquer les immigrés… Mais qu’est-ce qui vous distingue de l’UMP, à la fin ?

N.D.-A. : Je l’ai déjà dit : Debout la République veut restaurer la grandeur de la France ! Les riches seront toujours arrosés, mais ce sera pour la grandeur de la France ! Les pauvres seront toujours au pain sec, mais ce sera pour la grandeur de la France ! Les flics pourront toujours matraquer qui ils veulent, mais ce sera pour la grandeur de la France ! Les immigrés seront toujours traqués comme des rats, mais ce sera pour la grandeur de la France ! Est-ce clair ?

R.A. : Oui, oui, très clair, on se demande vraiment pourquoi vous êtes à la traîne dans les sondages… Allez, kenavo !

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