L'actualité des paiements est plus que jamais brûlante mais elle tend à se diversifier, ces derniers temps. Ainsi, par exemple, parmi les annonces qui composent cette série de brèves, 3 concernent le mobile et 3 ciblent le paiement en ligne, 3 sont le fait de startups contre 2 émanant de banques et 1 d'un spécialiste des transferts d'argent...
La première nouveauté ne constituera pas une révolution : l'annonce par USAA de l'introduction d'un service de paiement P2P ("pair à pair") dans ses applications mobiles vient ainsi compléter une liste de banques qui commence à se faire longue. Son fonctionnement est tout aussi classique : il suffit d'indiquer l'adresse mail ou le numéro de téléphone du bénéficiaire pour lui envoyer de l'argent.
Fait notable, comme dans d'autres exemples récents, la communication officielle d'USAA vise plus particulièrement les règlements auprès des artisans (un mécanicien) ou pour des services à la personne (une baby-sitter), et non plus les échanges entre particuliers.
Mais la vraie originalité de ce nouveau service est d'être basé sur la technologie de PayPal. Il ne s'agit certes pas d'une première (voir notamment le cas de La Caixa, en Europe), mais ce choix me semble révélateur de la part d'une institution qui a une certaine maturité en matière d'innovation et qui préfère ici s'appuyer sur un service existant plutôt que de le développer en propre. Une leçon à retenir pour ceux qui veulent encore tout créer par eux-mêmes...
La Mercantile Bank of Michigan pourrait être aussi considérée comme un modèle en matière d'adoption de solutions développées par des tiers (elle fait d'ailleurs aussi partie des partenaires, de longue date, de PayPal), mais il serait facile d'arguer que les moyens limités d'un établissement relativement modeste limitent ses options.
Quelles que soient ses motivations, en lançant la solution GoPayment en association avec Intuit, la banque démontre qu'une stratégie d'innovation ne se construit pas toujours avec des moyens lourds. Pour mémoire, GoPayment est une solution similaire à celle de Square, permettant à tout commerçant d'accepter les paiements par carte grâce à une application mobile et un petit lecteur de piste magnétique à connecter à un smartphone ou une tablette.
Devant le succès remporté par Square sur ce marché, la Mercantile Bank n'a pu que prendre conscience de l'appétence des petits entrepreneurs pour ce type de solution et elle répond donc à leurs attentes, même si elle risque d'y perdre quelques opportunités de placer ses propres services d'encaissement. Cette (légère) menace est certainement préférable à la perspective de voir les flux financiers de ses clients lui échapper entièrement.
Depuis son acquisition de la plate-forme eBillMe en octobre dernier, l'arrivée de Western Union sur le terrain du e-commerce était attendue. C'est désormais chose faite, avec l'annonce de WU Pay, qui n'est finalement guère plus que la solution d'origine de la startup, remise aux couleurs de son nouveau propriétaire.
Destinée aux consommateurs non-bancarisés ou ne souhaitant pas utiliser leurs moyens de paiement classiques sur internet, WU Pay leur envoie une facture électronique à l'issue de leur achat, qu'ils peuvent ensuite régler sur leur site de banque en ligne ou auprès d'un des plus de 40 000 agents Western Union installés aux Etats-Unis.
Le changement est donc limité pour eBillMe mais il a beaucoup de sens pour Western Union, qui capitalise ainsi sur son réseau de correspondants tout en offrant un service supplémentaire à son cœur de cible.
Parmi les startups des paiements, certaines font figure d'OVNI, difficiles à cerner et auxquelles il est difficile de croire. Au premier abord, la solution de l'israélienne PlugWallet, qui vise elle aussi les populations non-bancarisées, semble faire partie de cette catégorie mais quelques-unes de ses caractéristiques attirent malgré tout l'attention.
Un survol rapide de la présentation de la "PlugWallet Key" pourrait par exemple faire croire qu'il s'agit d'un porte-monnaie sur une puce (à l'image de celui de la Monnaie Royale du Canada). Mais la réalité est beaucoup plus prosaïque puisqu'il s'agit "simplement" d'un compte en ligne dont l'accès est protégé par un moyen d'authentification forte (à deux facteurs), matérialisé par cette clé USB, en complément d'un identifiant (adresse mail) et d'un mot de passe.
Restent un ensemble de spécificités qui rendent cette solution unique : l'alimentation du compte par le versement d'espèces à un coursier, à domicile, un anonymat total (aucune information personnelle n'est enregistrée en dehors d'une adresse de messagerie) et, donc, un système d'authentification forte. Si le résultat reste un OVNI, ces idées mériteraient peut-être d'être creusées...
Autre startup de cette série, PayCento réplique un modèle déjà inventé par SociallyPay, dont l'objectif est de faciliter les paiements en ligne (de préférence les micro-paiements) en permettant de les réaliser d'un clic de souris.
Pour ce faire, le système exploite l'identité de l'utilisateur sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter) et exécute un règlement par l'intermédiaire d'un bouton affiché sur le site commerçant, comme un bouton "like" ou "tweet". La seule originalité de PayCento par rapport à son prédécesseur est de proposer son service pour les paiements aussi bien en devises "réelles" qu'en monnaie virtuelle.
Enfin, nous conclurons ce long billet avec un épisode de ce qui ressemble à la chronique d'une fin douloureuse... En effet, quand la société Bump Technologies présente sa nouvelle application "Bump Pay", qui permet de réaliser un transfert PayPal d'un "choc" entre deux téléphones mobiles, on s'interroge sur la fonction similaire embarquée dans l'application du même PayPal.
Or, apparemment, cette dernière serait en passe d'abandonner la fonction et Bump n'aurait donc d'autre choix que de reprendre le flambeau. Si cette hypothèse était vérifiée, elle pourrait confirmer mon sentiment que le "bump" est un système ludique au premier abord mais sans réel valeur d'usage. Et PayPal ne ferait alors que mettre en pratique la règle n°1 de l'innovation : ne jamais hésiter à écarter les "mauvaises" idées.