Auguste Toulmouche - La fiancée hésitante (1866)

J'ai choisi ce mois-ci une oeuvre de Toulmouche qui m'émeut beaucoup. Si vous ne connaissez pas encore l'ensemble des oeuvres de ce peintre, je vous invite à chercher un peu, car ses peintures sont toutes plus belles les unes que les autres. Il avait visiblement un goût prononcé pour représenter de très jolies demoiselles, souvent orgueilleuses et mutines, et parfois ivres de douleur.
Cette oeuvre est celle que je trouve la plus dramatique et la plus profonde de l'artiste, elle s'intitule "La fiancée hésitante".

Visiblement, le titre est faible, car cette demoiselle n'a pas l'air hésitante, elle a plutôt l'air désespérée. J'imagine qu'elle a été promise à un homme qu'elle n'aime pas, voire qu'elle n'a peut-être jamais rencontré. Son regard me bouleverse, son air abattu, blasé et finalement presque agressif donne l'impression qu'elle hurle de l'intérieur. Ces jeunes femmes autour d'elle, peut-être ses soeurs, partagent son apitoiement et tentent de la consoler avec des gestes de douceur qui visiblement ne font que renforcer son désespoir : elle le sait, les caresses de ses soeurs ne changeront rien à son destin. La demoiselle en arrière plan, en revanche, est totalement sourde à la douleur de la fiancée, toute heureuse qu'elle semble être de se préparer à célébrer cet évenement. Elle me donne l'impression de symboliser la fatalité de l'issue de cette journée. Ce qui frappe le plus dans cette image, outre la froideur de la fiancée, c'est qu'elle semble s'adresser directement à nous, elle nous prend à partie. La question qui se forme quand on la regarde, c'est : "Que veut-elle me dire ?" Son regard n'implore pas de l'aide, elle a plutôt l'air de nous en vouloir. 
Visuellement tout est beau, la soie blanche aux reflets changeant, les plis du châle, le mobilier, les couleurs chaudes et rassurantes, les jeunes filles elles-mêmes, et pourtant, ce tableau dérange et dissimule une laideur.