Un membre du secrétariat à la défense américain explique, de manière voilée, comment les américains perçoivent le gouvernement brésilien: "le Brésil veut être considéré comme une puissance émergente au même titre que l'Inde. Mais ce qui nous pose problème, c'est de voir systématiquement le Brésil s'opposer aux initiatives américaines lors des grands forums internationaux. C'est exactement la politique obstructionniste qu'a adopté la France il y a quelques années envers les Etats-Unis. Le Brésil est devenu la France de l'amérique latine." Coté brésilien, on n'a toujours pas digéré le GO de Barack Obama pour bombarder la Libye alors que le président américain se trouvait à Brasilia en mars 2011. Un geste que la présidente Rousseff et son ministre des affaires étrangères avaient trouvé déplacer, reprochant à Obama de s'être précipité.
Du côté américain, on s'inquiète de voir le Brésil ne pas prendre ses distances avec l'Iran, malgré l'embargo pétrolier tandis que Dilma Rousseff continue à entretenir la contact avec le président syrien Assad, lâché par tous les pays occidentaux. Autant dire que l'incompréhension domine entre les Etats-Unis et le Brésil. Du côté brésilien, on affirme qu'un rapprochement entre les deux pays est toujours possible, à condition que Barack Obama apporte son appui inconditionnel pour obtenir un siège au Brésil au conseil de sécurité de l'ONU. Toujours est-il que la visite de Dilma Rousseff à Washington n'est considérée que comme "une visite officielle" et non "une visite d'état", empêchant la présidente brésilienne d'avoir les honneurs d'un dîner à la Maison-Blanche et de s'exprimer devant le congrès américain. Pourtant, Barack Obama avait récemment reçu en grande pompe les présidents chinois et indiens, deux nations faisant partie des BRICS. De quoi énerver le gouvernement brésilien qui se sent délaisser par les Etats-Unis, comme l'ensemble des nations d'amérique latine.
Ricardo Bellone