La maison humble avec ses fenêtres fermées..
Dans les rideaux la lampe a l’air d’une fumée..
Vieille maison, maison qui tremble comme si
Palpitait dans son cœur un étrange souci..
Pauvre maison que veille un tilleul dans la rue.
Un tilleul dépouillé d’automne, branches nues,
Étirant dans la paix lamentable du soir
Le froid décharnement de son squelette noir..
Cette maison tapie au fond de ses ténèbres
Semble avoir peur d’on ne sait quoi de très funèbre..
Et le toit qui grelotte a l’air lourd d’un fardeau
De péchés, le voici qui plie un triste dos,
Chargé d’humilité pacifique et de peine !..
Et de pâles remords par les carreaux se traînent,
Et le vieux bec de gaz fouille l’ombre et la mort
Et l’on dirait une veilleuse pour un mort..
Et déjà, je me mets à frissonner, la boue
Du trottoir se répand en crachats sur ma joue..
Le tilleul tremble auprès de la porte couleur
De rose, et la clé bleue y luit comme une fleur..
Là-haut, la cheminée exhale vers les anges
Sa prière, vapeur légère ! Et c’est étrange,
Ce soupir gris qui va vers de doux séraphins !..
On dirait qu’elle attend, cette maison, qu’enfin,
De la grotte nocturne où dorment tant d’étoiles,
Descende le Sauveur cachant sous de la toile
Misérable et de blancs haillons de vagabond,
La lumière, – cadeau divin de son pardon !
SAINT-GEORGES DE BOUHÉLIER (1876-1947).
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