Auteur : Maha Khan Phillips
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages :
Date de parution : avril 2012
Auteur :
Maha Khan Phillips est née à Karachi en 1976. Elle est spécialiste de l’analyse des conflits internationaux, diplômée de l’Université du Kent (Canterbury). Depuis 1994, elle travaille à Londres comme journaliste économique et financier. Les nuits de Karachi est son premier roman.
Présentation de l'éditeur :
Diplômée d’Oxford, la riche, belle et brillante Amynah Farooqui tient une rubrique people dans un quotidien de Karachi où, sous
couvert d’anonymat, elle multiplie les ragots sur la jet set pakistanaise. Avec ses amies d’enfance Mumtaz (fille d’un baron de la drogue) et Henna (fille unique d’un politicien qui lui a imposé
un mariage de raison), Amynah symbolise mieux que personne cette élite parfaitement indifférente à la réalité d’un pays dont la population est tout à la fois pauvre, ignorante, et attirée
par
l’intégrisme religieux. Mais quand les trois amies décident de réaliser un documentaire sur la violence faite aux femmes, le
film échappe bientôt à leur contrôle et leurs vies partent en vrille. Ecrit avec brio et plein d’humour noir, ce premier roman étincelant et subversif dynamite la sage image de soumission de la
femme dans les sociétés islamiques. Rien de tel que ce cocktail Chanel, sexe et cocaïne pour comprendre la décadence qui s’est emparée de l’un des pays les plus instables du monde.
Mon avis :
Maha Khan Philips a pris un grand risque avec ce premier roman. Car, il me semble qu'elle a voulu écrire un roman satirique sur la commercialisation de la douleur des femmes battues pakistanaises et sur le ridicule des médias. Toutefois, il est difficile de prendre ce roman au second degré et le traitement ironique de deux sujets aussi importants et délicats m'a un peu surprise.
D'autant plus, qu'en contexte, elle campe une vision de Karachi assez dépravée avec, pour principal exemple, le personnage principal, Amynah Farooqui. Cette jeune chroniqueuse, issue d'un milieu très aisé, passe sa vie dans les soirées branchées où règnent alcool et drogues. Ses deux meilleures amies, Muntaz et Henna sont aussi deux privilégiées même si l'une est un peu coincée et l'autre prête à se soumettre à la purdah (pratique de la ségrégation de la femme par le confinement dans les maisons et le port de vêtements couvrant le corps). Oui, l'auteur utilise quelques mots en ourdou expliqués dans un glossaire final. Mais ce côté exotique me semble superflu, quoiqu'il évite certaines répétitions à l'auteur qui utilise ainsi le mot étranger et sa traduction dans la même phrase.
J'aurais préféré que l'auteur traite ce sujet avec moins d'ironie car il est intéressant. Elle ébauche ici la perversité des médias qui manipule l'information pour en faire du spectaculaire. Le besoin de succès du créateur devient alors égoïstement l'objectif premier de l'information. Mumtaz, pourtant fragile au départ, devient une carriériste redoutable et fait passer son avenir avant le bien-être de la pauvre Nilofer, femme battue du documentaire qu'elle produit avec ses amies, Amynah et Henna. L'auteur exprime parfaitement cette manipulation de l'information et montre tout l'opportunisme des acteurs à tous les niveaux.
Seulement, le problème crucial de la condition féminine me paraît ici trop ridiculisé. D'une part, avec ces extraits du roman ébauché par Amynah et d'autre part avec l'exemple de Nilofer, personnage odieux, hautain qui semble plus menteuse que battue.
J'ai choisi ce roman pour en apprendre davantage sur le Pakistan mais cette version jet-set, même si elle ébauche des problèmes cruciaux, m'a semblé très réductrice.
Je remercie les Éditions Albin Michel pour la découverte de ce premier roman.
Vous pouvez lire un avis plus positif chez Mélopée, ou un avis plus proche du mien, chez Yv.
Cette lecture entre dans mon Défi Premier roman.