Cette étude norvégienne au delà de conclure que plus de 13% des femmes de son échantillon représentatif sont victimes de violencee conjugale, met en exergue une association douloureuse, celle de la violence du partenaire intime et de la dépendance aux analgésiques et aux psychotropes. Car selon ces résultats publiés dans l'édition du 5 avril du BMJ Open, les femmes victimes de violence se verraient prescrire entre 2 à 3 fois plus d'analgésiques opioïdes et d'anxiolytiques benzodiazépines avec risque de dépendance. Un élément à prendre en compte, recommandent les auteurs, dans la prise en charge des femmes victimes de violence conjugale.
Alors que la violence du partenaire intime est associée à toute une série de problèmes de santé physiques et mentaux dont blessures, douleur chronique, dépression, anxiété, troubles du sommeil, et usage de drogues, les femmes victimes sont plus susceptibles d'utiliser fréquemment des médicaments anti-douleur et psychotropes.
Si ces produits présentent l'avantage clinique de prendre en charge la douleur, la détresse mentale et l'insomnie, mais ils présentent, on le sait, plusieurs effets indésirables, certains d'entre eux, tels que les analgésiques opioïdes et les benzodiazépines, peuvent en quelques semaines conduire à une addiction physique et psychologique. Le développement de la tolérance au médicament entraîne une diminution efficacité qui entraîne une augmentation de la dose nécessaire pour être efficace, au fil du temps. Cette dernière décennie, rappellent les auteurs, la prescription globale de ces produits a beaucoup augmenté.
Ces chercheurs de la Norwegian University of Science and Technology (Trondheim), du Norwegian Centre for Violence and Traumatic Stress Studies (Oslo), de l'Université d'Oslo et du Norwegian Institute of Public Health, (Oslo), ont étudié l'association entre violence du partenaire intime et utilisation de médicaments sur prescription. Bien que l'abus de drogues et de médicaments soit fréquent chez les femmes victimes de violence, les études déjà publiées n'abordent pas la question de la dépendance. Les auteurs ont donc mené une analyse longitudinale des données de prescription basées sur les registres norvégiens portant sur la santé de 6.081 femmes, de 2004 à 2009. L'objectif était d'évaluer les taux de prescription de médicaments potentiellement addictifs, dont certains analgésiques ou médicaments du système nerveux central (SNC), à ces femmes victimes de violence physique, sexuelle et/ou psychologique.
Principaux résultats:
· 13,5% des 6081 femmes ont déclaré avoir été victimes de violences conjugales
- 7,5% de violences physiques et / ou sexuelle
- 6,0% de violences psychologiques seules.
· Le taux de prescription de médicaments potentiellement addictifs est
- 3 fois plus élevé chez les femmes victimes de violence physique / sexuelle (RR : 3,57 IC : 95% de 2,89 à 4,40) et après ajustement avec d'autres facteurs confondants (RR : 1,83 de 1,50 à 2,22)
- 2 fois plus élevé pour les femmes victimes de violence psychologique seule (RR : 2,13 IC : 95% de 1,69 à 2,69) t, après ajustement, (RR : 1,97 de 1,59 à 2,45)
· Le taux de prescription augmente à la fois pour les analgésiques addictifs et pour les antidépresseurs.
Les victimes de violences de leur partenaire intime reçoivent donc 2 à 3 fois plus de médicaments à risque d'accoutumance. Un second impact défavorable, qui doit être pris en compte, recommandent les chercheurs, par les cliniciens qui suivent ces femmes.
Source:BMJ Open2012;2:e000614 doi:10.1136/bmjopen-2011-000614 “Intimate partner violence and prescription of potentially addictive drugs: prospective cohort study of women in the Oslo Health Study”