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Les pourparlers de paix avec l’Inde dans l’impasse

Publié le 09 avril 2012 par Journalpakistan @journalpakistan

Les deux pays tentent un rapprochement économique. Mais les discussions butent sur la question du terrorisme.

Hafiz Saeed (au centre), fondateur du Lashkar-e-Taiba

Hafiz Saeed (au centre), fondateur du Lashkar-e-Taiba.

Paru sur LePoint.fr le 9 avril.

En apparence, tout va pour le mieux. A l’occasion d’une visite en Inde ce dimanche, le président Zardari a multiplié les amabilités à l’égard de son hôte, le premier ministre indien Manmohan Singh. A entendre le chef de l’Etat pakistanais, les discussions ont été « fructueuses ». Manmohan Singh a insisté sur la nécessité de poursuivre le dialogue : « nous souhaitons trouver des solutions sur tous les dossiers. » Une déclaration qui ressemble à un vœu pieu. A l’issue de la rencontre, le secrétaire d’Etat indien aux Affaires étrangères a été très clair : « ils ont parlé du terrorisme. C’est le sujet le plus important et l’opinion publique indienne veut des avancées concrètes dans ce domaine. »

L’allusion est à peine voilée : l’Inde exige de son voisin qu’il agisse contre le Lashkar-e-Taiba, un groupe terroriste pakistanais responsable des attentats de Bombay qui avaient coûté la vie à 165 personnes en novembre 2008. Les services de renseignement militaire pakistanais ont longtemps aidé le Lashkar-e-Taiba dans sa lutte contre l’Inde au Cachemire. Les deux Etats se disputent le contrôle de ce territoire depuis 1947. Après les attaques de Bombay, le fondateur du mouvement, Hafiz Saeed avait été placé en résidence surveillé. Puis acquitté par la justice. L’Etat pakistanais n’avait pas mis beaucoup d’énergie à remplir le dossier d’accusation.

Tête mise à prix

Washington aussi s’inquiète du Lashkar-e-Taiba qui a perpétré plusieurs attaques contre les troupes de l’Otan en Afghanistan ces dernières années. Le 2 avril, les Etats-Unis ont fini par taper du poing sur la table et ont mis la tête d’Hafiz Saeed à prix : 10 millions de dollars. La décision n’a fait que renforcer sa popularité. Hafiz Saeed dirige une organisation caritative puissante, le Jamaat-ud-Dawa, et il surfe sur l’anti-américanisme, très en vogue dans son pays. Depuis que sa tête est à prix, il multiplie les discours anti-indiens. Dans une interview au quotidien The Nation samedi, il a rejeté tout rapprochement commercial avec l’Inde, estimant que cela « détruirait notre économie ».

Ce gros barbu à lunettes aux allures de père fouettard fait la une de la presse qui clame sans rire qu’il est innocent. Difficile dans ces conditions, pour Islamabad d’aller plus loin dans les discussions avec New Delhi. Surtout à un an des élections législatives, et alors que les militaires continueraient de soutenir Hafiz Saeed. Mercredi dernier, il a nargué les Américains lors d’une conférence de presse à Rawalpindi, juste en face du quartier général de l’armée : « si les Etats-Unis veulent me contacter, qu’ils le fassent, je suis à leur disposition. »


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