Un pasteur se fait tiré dessus. Un jeune boîteux vole une voiture. Ils n'ont quasiment rien à voir ensemble mais parviennent à s'aider mutuellement. Ils vont alors faire équipe avec d'anciens associés véreux du pasteur pour faire un braquage...
La critique canardeuse de Borat
On taxe souvent Michael Cimino d'homme de trois films: Voyage au bout de l'enfer qui est son chef d'oeuvre, masterpiece contre la Guerre du Vietnam; Les portes du paradis, un des plus gros échecs commerciaux d'Hollywood et qui ruinera United Artists, pourtant détentrice des droits de 007; et L'année du dragon, mémorable polar qui signera sa courte résurrection. Mais on oublie souvent de citer Le canardeur, son premier film. Pourtant, il a un argument de poids se nommant Clint Eastwood pour son casting. On retrouve également Jeff Bridges, George Kennedy et Geoffrey Lewis (père de Juliette). Cimino avait déjà cotoyé Eastwood pour avoir scénarisé Magnum force, deuxième épisode des aventures trépidantes de l'Inspecteur Harry; et Lewis avait déjà tourné avec dans L'homme des hautes plaines et jouera dans quatre films de ou avec lui.
Le canardeur se pose comme un mélange de road movie et de film d'action.
Dans un premier temps, le grand Clint se fait pourchasser en tenue de pasteur (Dirty Harry en pasteur, bonjour le décallage!) par un mec particulièrement gauche ne parvenant pas à le toucher ou alors si peu, alors qu'ils sont en pleine brousse !
Il se verra sauver par Bridges qui passait dans le coin après avoir voler une voiture. Les deux cocos finissent par vadrouiller, se faire quelques pépés (ce qui donnera une scène fendarde où la donzelle de Clint crie au viol!) et voler des bagnoles.
Bref, la première partie fait plus dans le road movie mais une fois que les anciens collègues du grand Clint débarquent, on passe au film de braquage avec un maximum d'action. Cimino a la bonne idée de rajouter un bon paquet d'humour et notamment en jouant sur les bagarres entre Bridges et Kennedy, l'un étant l'imbécile heureux, l'autre l'imbécile hargneux.
Le film devient donc encore plus fendard lors du casse donnant lieu à deux belles course-poursuites pleine de suspense et se finissant très mal (pas de doute, vous êtes face à du Cimino, le type de la roulette russe vietnamienne).
Cimino donne lieu à deux superbes moments de bagnoles où il fait cotoyer le rire (les mecs dans le coffre s'en prennent plein la tronche) et le frisson (la mort de Kennedy typiquement prophétique). Le grand Clint se révèle comme à son habitude face à un Bridges particulièrement cabotin.
On ne l'arrête pas ici. Faut le voir également travesti en femme. Du collector en barre. Kennedy est superbe en râleur salopard de première.
Néanmoins, si Le canardeur se révèle drôle dans l'ensemble, certains passages restent dramatiques à l'image de la fin.
Même chose pour le traumatisme de la Guerre de Corée dont Eastwood reprendra pour planter le contexte de Gran Torino.
Premier cru fantastique mais oublié de Michael Cimino.
Note: 17/20