Pour notre pèlerinage annuelle, une bonne partie du club s'est retrouvé en Rhône nord, pour un voyage au cœur de la syrah. La première étape de notre périple avec les Maigremont nous conduit au cœur de la prestigieuse appellation St Joseph.
Vue des vignes de St Joseph et du Rhône depuis la Croix de Peygros
L'appellation s'étend sur une frange de 60 km de large et court sur environ 50 km, sur la rive droite du Rhône. Quelques 1080 hectares, répartis principalement sur le département de l'Ardèche (07) et dans une moindre mesure la Loire (42), composés pour majorité de Syrah (pour les rouges qui constituent 90 de la production, taillé en gobelet) et de Roussanne et Marsanne pour les blancs (taillés en guyot). Il est donc aisé de penser qu'il existe une grande disparité de domaines au niveau qualitatif et l'on trouve de tout : du mauvais et heureusement du bon.
St Joseph se situe à la limite de l'influence méditerranéenne, c'est à dire à la limite entre chênes verts et oliviers. Côté sols et suivant où l'on se situe, l'appellation se compose de roches primaires des contreforts du massif central (granit, gneiss, micaschistes) pour la partie terrasses ou bien de terroirs sédimentaires (calcaires et argiles) dans le cas de vignes plantées en plaines.
Granit de TournonEn terrasse, la vigne est en échalas (pieu servant à soutenir le pied de vigne) ce qui permet de planter un peu partout, surtout lorsque le terrain est escarpé et les pentes importantes. En plaine, elle est plantée selon la méthode plus classique dite du palissage (fil de fer).
Vignes plantées en échalas, dont la partie haute regroupe les sarments pour former un "pont".La fanion bleu sur la gauche, permet au pilote de se repérer
lorsqu'il applique un traitement par hélicoptère.
Nous sommes au début de l'hiver. Sous un soleil magnifique et une température légèrement fraîche, Pierre Gonon nous accueille. Il dirige avec son frère Jean le domaine éponyme (son père s'appelait également Pierre). Quel bonheur de se retrouver ici, après un trajet la veille depuis notre plate Normandie long de quelques centaines de kilomètres ! Nous nous retrouvons dans les vignes du lieu dit "la Coix de Peygros", sur les hauteurs, entre Tournon et Mauves (Ardèche), berceau historique de l'appellation. La végétation y est diversifiée et les méandres du Rhône jamais très loin de la vue...
Si aujourd'hui, le domaine n'emploie plus de produits de synthèses, il n'en a pas toujours été le cas. Pierre, le père de Jean et Pierre, actuellement à la tête du domaine depuis la fin des années 80, travaillait les sols. Puis comme pour suivre la tendance et la popularité naissante des vins du Rhône, les traitements ont faits leur apparition, pour n'être délaissés définitivement qu'en 2003. Désormais, l'ensemble des 10 hectares que compte le domaine est certifié en agriculture biologique depuis le millésime 2011. Seuls les traitements comme le soufre et les tisane sont admis. Les sols sont travaillés : à cheval quand c'est possible et au moyen d'un treuil et d'une charrue quand les pentes font tourner la tête !
Un treuil (et son moteur à gauche) et sa charue
C'est Pierre Gonon qui se charge de nous en apprendre plus sur les vins de l'appellation, les sols, les traditions, la conduite de la vigne... Cela fait plus d'une heure que nous surplombons la ville de Tournon : il y règne une sensation étrange et pour le moins particulière. En contrebas, c'est la ville, avec tout ce qu'il y a de plus industriel : ses hangars, ses usines, ses rues bien passantes. Un brouhaha continu qui se se fait entendre. De l'autre, ces vignes, ces arbres, ce soleil qui nous font oublier que quelques centaines de mètres plus bas, 10000 âmes y vivent ! Il y a une réelle impression de sauvage à la ville.
Pierre GononAllez, assez gambadé, direction la cave : il fait soif !