Ils n’avaient pas prévu que cette journée se terminerait comme cela. Ca devait être un jour de fête. Enfin, une réunion de famille, disons. Ils étaient pourtant persuadés que cela se passerait bien, pour une fois. Léo s’était même mis aux fourneaux. Son gâteau était resté sur la table et trônait sous l’oeil gourmand des enfants. C’était la première fois que leurs parents respectifs se rencontraient. Ils se connaissaient pourtant depuis une dizaine d’années, mais avaient toujours appréhendé cette rencontre obligée.
Léo et Clémence avaient décidé d’attendre le dessert pour annoncer la grande nouvelle. Ils avaient bien fait les choses, avaient tourné et retourné la phrase, pour qu’elle sonne le mieux possible, qu’elle ait l’éclat des grandes victoires. Mais, elle n’avait récolté que des rires nerveux et des remarques acerbes. Ils n’avaient même pas eu le courage de les mettre à la porte. Ils s’étaient simplement regardés, atterrés, sentant qu’à présent leur vie serait bien différente.
Une fois le dernier invité parti, Léo avait croisé le regard de Clémence. Le gâteau s’effondrait, une mare de crème pâtissière s’étalait sur la table. Quelques minutes plus tard, ils avaient en main deux billets électroniques pour l’Islande. Ils partiraient le lendemain. Leurs bagages seraient vite faits, ils n’emporteraient que le strict minimum. De quoi se changer, leurs économies et deux petites boîtes rouges contenant leurs alliances. Tant pis pour la robe et le costume. Même si leur amour était plus fort que tout qu’ils laissaient en France, ils savaient que le poids de la déception se ferait sentir encore longtemps. Peut être jusqu’à leur retour, dans quelques mois, dans quelques années…
Texte écrit dans le cadre de l’atelier Une photo, quelques mots, à l ‘initiative de Leiloona. Cliché de Kot.