Le rideau vient de tomber sur les 2eme Journées professionnelles du Tourisme et il est intéressant de faire le debrief sur les sujets qui ont été traités, les débats amorcés et les résolutions prises à l’issue des travaux auxquels ont participé quelques 200 personnes entre administration, professionnels, associations et presse.
Le sujet concernait la promotion de notre destination et l’opportunité des moyens utilisés à ce jour pour la faire : les Eductours, les workshops et les road shows. Pour ce fait, il a été fait appel à des experts en la matière , personnalités connues pour leur expérience, leur savoir faire et surtout leur vécu. Le volet scientifique a été bien amorcé , mais le format utilisé , en l’occurrence les interventions via les PC, n’a pas été à la hauteur des attentes. Il faut juste noter le taux d’abstention aux sondages, pour comprendre que les participants n’étaient pas adeptes de cet exercice. D’aucuns diront que cela à clos le débat!!!
Pour ma part, je dirais que ces moyens restent valables pour certaines destinations, celles qui ne nous connaissent pas ou peu, mais pour d’autres, cela me semble dépassé. En tout état de cause, cela reste d’actualité dans les pays qui continuent sur un modèle production/distribution , disons classique comme cela a été démontré lors des ateliers par marché.
En effet, l’aprés midi fut propice aux débats avec les délégués ONMT, dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils connaissaient très bien leurs destinations, très au fait des habitudes de consommation et surtout à l’écoute des attentes des prospects.
Il ont tous été unanimes pour déclarer qu’il ne peuvent avoir de croissance sans aérien, et que le fait que certaines compagnies se soient retirées a lourdement handicapé la promotion et les efforts qui ont été faits depuis des années.
Ce retrait est dû à la non rentabilité des routes abandonnées, en clair il n’y pas suffisamment de demandes pour maintenir ses lignes et il serait intéressant d’en connaitre les causes.
Concernant les compagnies lowcost, leur intérêt premier n’a jamais été le tourisme, mais plus nos MRE et avec la crise , ils ont réduit la fréquence de leur visite au pays . De plus la flambée des prix du pétrole a cloué un certains nombres d’appareil au sol.
Pour les compagnies régulières, outre la concurrence qui leur a été faite par les lowcost, aujourd’hui elles optimisent leurs couts et de ce fait, elles se consacrent plus à une clientèle affaire que tourisme. D’ailleurs très peu d’agences font encore appel au bloc siège pour l’intégrer dans leur pacquages.
Maintenant, il est sûr que si nous arrivons à booster la demande, les compagnies reviendront avec une offre adaptée.
Le deuxième point que les délégués nous ont rapporté, c’est l’image qui a été altérée suite aux événements du printemps arabe et l’amalgame fait autour. De plus, l’attentat d’Argana n’a pas amélioré les choses et à ce jour, il y a des réticences et un sentiment d’insécurité.
Ce constat, nous l’avons tous partagé mais avec impuissance car nous n’avons ni les outils , ni les moyens d’intervenir de manière efficace et continuer ainsi s’est ramer à contre courant et investir à fonds perdus.
Quand d’autres événements viennent assombrir cette image et je citerai pour exemple , le suicide de la jeune Amina Filali suite à l’obligation qui lui a été faite d’épouser son violeur. Quelle promotion pouvons nous faire après cela? Quelle est la force d’un spot publicitaire vantant notre destination face à l’ouverture du JT avec les manifestations au Maroc contre l’article 475 du code pénal?
Les déclarations malheureuses du Ministre de la Justice ne sont pas pour arranger les choses et donnent des prétextes à ceux qui avaient un doute sur notre islam tolérant. Il serait plus inspiré de s’attaquer au dépoussiérage du code Pénal afin de le mettre au gout du jour et répondre aux exigences du moment pour une justice à l’écoute des justiciables. On ne peut parler de Maroc moderne avec des lois ancestrales.
Enfin, quand des députés proposent de taxer les touristes des pays qui nous exigent un visa pour augmenter le budget de promotion de l’ONMT, c’est qu’ils continuent à penser que nous sommes le plus beau pays du monde! Si cela est retenu, c’est donner l’extreme onction au tourisme national.
Je pense sincèrement qu’il est temps de mettre de l’ordre dans tout ce cafouillage qui ne nous sert pas. On ne peut développer le tourisme que sur des bases crédibles, solides et pérennes.