Bon d’accord, Tom Boonen a gagné. Il n’est d’ailleurs pas le seul sportif belge a s’être illustré durant ce WE. Qu’on pense à l’équipe nationale de rugby, devenue championne d’Europe dans sa catégorie. Sans oublier la paire belge De Ketele et Van Hoecke, nouvelle championne du monde en course à l’américaine (cyclisme sur piste, pour les incultes). Que dire aussi de la brillante victoire de l’équipe belge en Coupe Davis sur l’Angleterre ? Bref, tout ça, c’est pas mal, mais où en est la Belgique avec la grève de la faim des sans-papiers ? Veut-elle battre un nouveau record du monde ?
Les catholiques, très fiers d’eux, fêtent ce WE Pâques. Ce devrait être leur plus grande fête, celle qui donne son sens à la vie, à l’amour, à la fraternité. Pour ce que j’en ai vu, ce ne fut que des flonflons inutiles et totalement déconnectés du monde réel dans lequel on vit. Pourtant, si Jésus est ressuscité, n’est-ce pas pour donner du sens à la Vie et à l’Amour ? Celui qui permet au plus petit d’entre tous les petits d’être reconnu et respecté pour ce qu’il est ?
Dans notre société belge, largement catholique même si le nombre de pratiquants commence à se compter sur les doigts de quelques mains, on peut se poser la question de savoir si elle sait encore ce que signifie la solidarité humaine. Et c’est une lourde question.
Depuis 87 jours, un groupe de sans-papiers fait la grève de la faim dans un bâtiment de la VUB (Vrije Universiteit Brussel). Simplement – comme l’écrit très bien Laurette –, ils ne veulent plus vivre sans droits, exploités dans le travail, dormant à la rue ou dans des squats, ou encore sous la coupe des marchands de sommeil. Ils ne veulent pas dépendre d’aide sociale, de Fedasil ou d’autres structures. Ils ne veulent plus avoir peur d’être dans l’espace public. Ils veulent une vie normale. Ils continuent simplement à demander le droit de vivre normalement, de travailler (un permis de séjour d’un an et un permis de travail).
Et la majorité des Belges s’en fout ! Tout comme les responsables politiques. Selon toute vraisemblance, certains de ces grévistes vont mourir. Ils y sont en tout cas décidé s’ils n’obtiennent pas ce simple droit d’exister.
Je ne suis pas de ceux qui pensent que la Belgique est l’Eden paradisiaque qui pourrait accueillir tous les exilés du monde. La question n’est pas là. Mais je suis de ceux qui pensent que la Belgique peut accueillir en son sein ceux qui veulent s’y intégrer, qui veulent – grâce à elle – retrouver un peu de dignité, qui espèrent tout simplement être des « hommes » et non des laissés-pour-compte qu’il suffit d’ignorer superbement.
Demain, Madame Maggie De Block, secrétaire d'État en charge de l'Asile et de l'immigration, il sera peut-être tout simplement trop tard ! Est-ce cela la Belgique dont je suis fier ? Pas sûr…