De quoi se « Pincé » : offrir des poules pour… vider les poubelles

Publié le 08 avril 2012 par Kamizole

(Jour N-14) Telle est selon une dépêche de l’Agence Reuters l’initiative de la commune de Pincé - petit village de la Sarthe (200 habitants) située à proximité de la bien connue zone d’élevage de volailles de Loué - offrir des poules pour vider les poubelles (3 avril 2012). « Solution toute simple » mise en œuvre après l’instauration d’une taxe locale incitant les administrés à réduire le nombre de ramassages de leurs ordures ménagères. Les poules picoreraient les épluchures de légumes et autres restes de repas.

Cette initiative, partie début mars d’une boutade de la première adjointe et d’une conseillère municipale, à l’instar de ce qui se fait depuis deux ans dans la ville belge de Mouscron, devrait devenir effective à la rentrée de septembre.

Selon Lydie Pasteau, maire du village « C'est écologique, mais aussi économique: alors que les nouvelles normes sanitaires dans les élevages ont fait augmenter les prix des oeufs, cela permettra d'en avoir entre 5 et 600 gratuitement par an ».

L’idée peut paraître excellente à condition toutefois de ne pas oublier que les poules produisent elles-mêmes un fort redoutable déchet : leurs fientes, autrement nommées « lisier ». Ma mère, qui avait vu pendant son enfance et sa jeunesse ses amis pêcheurs-agriculteurs d’une île des Orcades, au nord de l’Ecosse élever des poules rappelait qu’ils changeaient régulièrement de place leur enclos - ils ne manquaient pas d’espace - car le lisier corrode la végétation.

Il me semble également très illusoire de les laisser s’ébattre en totale liberté dans un jardin, à moins qu’il ne fût très grand. Sauf à sacrifier toutes les plantations s’il y en a. J’ai vu dans ma jeunesse des poules totalement libres en Sologne. Mais le terrain dont-elles disposaient était très vaste. Elles pouvaient même se réfugier sous les sapins de la forêt quand il faisait très chaud. L’on mettait des œufs en plâtre pour les inciter à pondre toujours au même endroit, sinon la « chasse aux oeufs » n’avait rien de la réjouissance pascale ! Par ailleurs, le grand jardin potager et le verger étaient très bien clos pour éviter leurs visites.

A l’époque, je n’entendis pas parler de maître renard. Je ne sais ce qu’il en est dans la Sarthe mais à Montmorency, je connaissais des personnes habitant tout près qui possédant un très vaste jardin y élevaient quelques poules, un coq et des canards. Un renard - il y en à ici ! - réussit à pénétrer dans l’enclos où elles passaient la nuit… Bon repas !

Je pense qu’il est tout aussi illusoire de penser nourrir les poules uniquement avec des épluchures et des restes de repas. Encore faudrait-il que ces restes fussent compatibles avec leurs besoins ! La belle affaire si c’est pour les rendre malades… Il leur faut en principe du grain - blé ou maïs selon les régions. L’on y adjoint parfois des croûtons de pain sec.

Enfin, le choix de la race. Si la commune de Pincé achète ses poules à Loué, c’est une race à viande. Or, celles-ci ne sont pas de bonnes pondeuses. Je n’ai pas le temps de rechercher un livre ancien - je croyais pourtant l’avoir rangé à portée de mains dans une des bibliothèques ! - qui est une mine d’or s’agissant des variétés anciennes de fruits, légumes et animaux d’élevage ou de basse-cour et qui donne de précieuses indications sur les races de poules selon qu’elles sont meilleures pour la chair ou les œufs.

Je pense que mon ami « Coup de Grisou » qui s’y connaît bien plus que moi sur ce chapitre et qui comme moi est partisan de la réhabilitation des variétés et espèces anciennes - autrement résistan-tes et adaptées à leur environnement - saura nous donner des éclaircissements et conseils sur ces sujets.

Je ne dirais à cet égard qu’une chose : fuyez comme la peste les jardineries des grandes surfaces ! Elles participent au nivellement des variétés et des espèces - adieu la bio-diversité ! - et il n’est pas du tout certain que les poules qu’elles vendent fussent toujours dans le plus parfait état de santé.

Le plus surprenant à Pincé étant que la commune a déjà mis en place tout un système de composteurs pour les « déchets verts » - branchages et herbe tondue - mais ne semble pas savoir que l’on peut tout aussi bien faire du compost avec tous les résidus alimentaires bio-dégradables. Pour obtenir du très bon terreau qui fertilise le sol des jardins.

Il restera à savoir ce que donnera cette expérience dans l’avenir et si les personnes qui ont accepté d’y participer y auront vraiment trouvé leur compte grâce aux œufs. « La poule aux œufs d’or » en quelque sorte. Ou si au contraire, les inconvénients l’auront emporté sur les avantages : « Adieu, veau, vache, cochon, couvée »…