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« idéal démocratique et réalités économiques » avec Patrick Viveret

Publié le 08 avril 2012 par Boprat

COMPTE RENDU de la conférence-débat organisée par la Maif le mercredi 28 mars à 18h30 au centre de congrès Pierre Baudis de Toulouse sur le thème « idéal démocratique et réalités économiques » avec Patrick Viveret


1.   Insoutenabilité de modèle dominant
1.1.  Insoutenabilité écologique  Graphique montrant l’emprunte carbone par régions du monde : montre que si tous les humains vivaient comme un occidental, la Terre ne suffirait pas subvenir aux besoins de tous d’où la nécessité d’une prise de conscience.
1.2.  Insoutenabilité sociale Graphique montrant le découplage de la richesse comptable vis-à-vis de la richesse sociale : l’exemple des Etats-Unis où on observe un décalage entre la courbe montante du PIB depuis 1975 et celle descendante de l’indice de santé sociale.
1.3.  Insoutenabilté financière En 1997, seulement 2,7% de la monnaie est réelle (échanges de biens et de services réels), tandis que les 97,3% restants sont des échanges boursiers de l’économie spéculative : on observe une démesure. Environ 60% des transactions financières sont faites par des automates. Cette automatisation des opérations financières donne une incapacité du discernement : les marchés financiers pourraient être qualifiés de maniaco-dépressifs puisqu’ils ne connaissent qu’une alternance entre l’euphorie et la panique. Les banques jouent un double jeu cynique entre l’incitation au surendettement et la spéculation ensuite la faillite à venir (crise de 2008, Grèce…)
1.4.  Insoutenabilité démocratique Théorisation de la critique de la démocratie : certains théoriciens méprisent la démocratie. Or la démocratie est un processus essentiel dans la gestion de la division, de la divergence et du conflit.
2.   Comment défendre un idéal démocratique ? Comment faire société ?
Nous assistons avec la crise à la fin d’un cycle. Or il faut savoir repérer les forces en marche : les signes du déclin d’un modèle dominant. En général, la brutalité accrue d’un système, au contraire de montrer sa puissance, annonce plutôt sa fin.

Pour accomplir la métamorphose, il faut s’appuyer sur le trépied du « rêve », RVE : -   Résistance -   Vision transformatrice -   Expérimentation anticipatrice


Les trois composantes de ce trépied doivent être présentes pour conduire à bien une métamorphose : la résistance consiste à analyser constamment le contexte de la lutte pour savoir à quoi on s’oppose et pourquoi ; la vision transformatrice est l’objectif à atteindre, mais isolé, il n’est qu’un rêve inaccessible ; l’expérimentation anticipatrice donne des moyens, des outils par la mise en place d’actions concrètes pour oser aller pas à pas vers le but fixé.
« La principale arme de l’oppresseur réside dans le cerveau de l’opprimé »
La sidération est le phénomène par lequel la victime d’un système finit par le justifier en disant « on ne peut pas faire autrement, on n’a pas le choix, pas d’alternative ». Il s’agit de se réapproprier les mots : la sidération est la servitude volontaire face à un état sidéral, une sorte de cosmos qui nous rend impuissants et passifs. Or le contraire de la sidération est la désidération, c’est-à-dire le désir, qui consiste pour l’homme à aller dans son propre sens, à sortir de l’univers sidéral pour agir par ses propres forces. Le déblocage de l’imaginaire est indispensable pour croire qu’un autre monde est possible et qu’il peut être changé par l’homme. Tout modèle peut être contaminé par une idée, et cette contagion peut aussi être positive.
La perte de la force transformatrice conduit à l’échec. L’auto réforme permet de retrouver l’énergie créatrice pour faire reculer les formes de domination. L’objectif est l’émancipation de l’humain face aux logiques de captation. La construction d’un imaginaire positif permet de ne pas rester dans la négativité, de décloisonner les initiatives visionnaires, résistantes et transformantes pour une évolution efficace.

Propos concernant le Revenu d’existence :
Un nouveau mouvement civique des droits est à l’œuvre un peu partout dans le monde. Une stratégie transformatrice se met en place pour sortir du cloisonnement, s’unir et trouver des complémentarités entre les actions. De nouvelles utopies sont nécessaires pour l’avenir : elles doivent être mises au cœur du débat public.
Les 13 et 14 avril prochains à Toulouse auront lieu des journées consacrées au principe de l’instauration d’un Revenu d’existence. Un film sur le Revenu de base a été réalise en Allemagne. Ce projet est porté par des couches de populations très différentes. En bref, il vise à montrer que la logique du travail comme seule source de revenu est un modèle caduc. On le voit bien avec le taux de chômage grandissant. En Allemagne par exemple, 50% des revenus sont des revenus de transfert ce qui prouve que nos sociétés ont déjà une forme de revenu de base. Pour éviter l’éclatement de la société est mise en place la protection sociale. Il s’agit d’un système de transfert, mis en danger par les réformes d’austérités qui visent à démanteler cette protection sociale. Nous avons déjà les briques du revendu de base. Mais on le fait sans le dire, sans l’assumer, sans construire un nouveau pacte social.
Donner un revenu minimum de la naissance à la mort de chaque individu inciterait-il au désintérêt pour l’activité ? Quand la question « Si vous aviez le Revenu d’existence, arrêteriez-vous de travailler ? » est posée, 70% répondent non. Les 30% qui répondent oui sont souvent dans un état de souffrance ou de fatigue qu’il est important d’entendre, mais ajoutent aussi qu’ils feraient probablement autre chose de plus épanouissant. Regarder sa propre vie et se regarder soi-même permettent de sortir des idées préconçues.
Le Revenu d’existence n’est pas de l’assistance ou de la dépendance, c’est la réalité des métiers matriciels et leur juste rémunération. Le mot « métier » est un mot très fort qui signifie « ministre mystérieux » en ce sens qu’en effet, il transforme souvent de la matière. Le métier n’est pas le « « job : c’est l’axe du projet de vie. Chaque être humain a en réalité deux métiers. Il n’y a vu comme ça pas de chômage résiduel. -   Le premier métier est d’être chef de projet de sa propre vie. L’éducation (le mot vient de ex – ducere = conduire dehors) est un moyen pour développer les potentialités créatrices de chacun et ainsi pour que chacun prenne en charge sa propre vie. Sinon, on assiste à la destruction de l’individu, ce qui représente un « coût » et un « coup » pour l’ensemble de la société. Tout humain est porteur de savoir -   Chaque être humain est porteur de savoir. En cela, il exerce un métier naturel en accord avec sa personnalité et son expérience vécue : il a en tant que personne quelque chose à offrir. Le Revenu d’existence serait donc la rémunération de ces métiers matriciels. Il est alors nécessaire de repenser le pacte social autour de la question des projets de vie.
La motivation est un vecteur important. Si on se pose réellement la question « qu’est-ce qui motive dans la vie ? », on constatera que seule une minorité est motivée uniquement par l’avidité ou la cupidité. La vie doit se différencier de la survie. Tout d’abord l’être humain ne doit pas être condamné à la compétition. Le Revenu d’existence fait sortir de la logique de compétition pour entrer dans la logique de promotion. Tout être humain a des « capabilités », c'est-à-dire potentialités créatrices. Il s’agit de sortir du paradigme de compétition et de rivalité, qui caractérise une situation guerrière. Ainsi quand sur 100 individus intéressés par un projet, seuls les trois premiers sont choisis pour le mener à bien, on assiste à la démotivation et à la destruction des 97 potentialités créatrices restantes, alors que chacun aurait eu à donner.
Autre motivation essentielle : la joie de vivre. Le collectif richesse Nanoub dit : « Nous allons nous faire du bien ». Spinoza met en avant les termes de peur et de joie. La peur se retrouve toujours derrière un système de domination ou de maltraitance. Il faut opposer à la peur la joie. La joie suppose de l’entraide. Même si c’est très difficile face à un modèle dominant, il faudrait oser dire que le choix d’être heureux est un acte de résistance politique.




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