Années 1920 : le maquillage des yeux

Publié le 07 avril 2012 par Cameline

« Maintenant que vous avez doué vos joues de l'incarnat chaud et vivant le plus harmonieux, vous n'avez encore accompli que la moitié du maquillage de votre figure, et j'ose dire que la partie la plus difficile vous reste à exécuter.

Le goût le plus sûr doit s'allier à la touche la plus légère pour embellir les yeux sans les charbonner, sans nuire irrémédiablement à l'expression du regard par un coup de crayon maladroit, alors qu'un entourage savant et velouté donnera de la profondeur du mystère et de l'éclat à ce regard.

Et cependant, pour mettre ma responsabilité à l'abri des désastres possibles, je m'empresse de déclarer : Il y a des yeux qui ne supportent pas d'être fardés.

Avant de vous offrir à la critique de l'opinion publique, multipliez les essais dans le secret du laboratoire ! »(1)

Les couleurs et les nuances

« Comme vous avez fait pour sélectionner le rouge à employer, recherchez quelle nuance est susceptible de brunir au mieux vos paupières.

Mais si vous avez les yeux légèrement enfoncés dans l'orbite, il faut éviter le brunissement ; cela rendrait le creux trop sensible.

Certaines brunes emploient une poudre qui leur fait les yeux bleus « du moins quant à la paupière » dit Colette.

Les blondes useront de préférence de la terre d'ombre, le noir serait trop brutal et peu seyant.

Pour le châtain foncé, on y mélangera du noir par quart ou par moitié, selon que l'on désire plus ou moins foncé.

Nombre de coquettes se servent avec habileté du noir de fumée produit par une bougie, du bouchon brûlé ou du clou de girofle brûlé.

Mais on se sert surtout couramment du rimmel ou du khôl. Ce dernier est employé en Orient autant comme tonique et fortifiant de yeux contre l'ardeur des rayons solaires, que comme objet de coquetterie ».(1)

Poser les fards

« Voici la manière d'opérer avec le khôl pur, qui doit être en poudre impalpable : on trempe un petit bâtonnet d'ivoire comme les Orientales, ou une estompe en peau comme les Parisiennes, dans de l'eau de roses, puis dans le khôl. On passe délicatement bâtonnet ou estompe au bord inférieur, à la naissance des cils de la paupière supérieure ; ce qui en tombe suffit pour la paupière inférieure.

Puis, avec le bout opposé de l'estompe, on passe entre les deux paupières un peu fermées, en la dirigeant vers les tempes pour allonger l'oeil.

Quant aux sourcils, on passera l'estompe de bas en haut, c'est-à-dire au rebours du poil, et avec une petite brosse on lissera dans le sens. On passera aussi cette brosse sur les cils, l'oeil étant fermé.

Enfin, avec un linge, on enlèvera tout ce qui pourrait être resté et en serait trop visible ».(1)

«La poudre est maintenue en place par l'humidité de l'oeil, et le peu qui déborde que les cils les fait briller comme s'ils étaient givrés de sombres paillettes.

L'effet du khôl est ravissant, et mille fois préférable à celui du plus fin crayon, mais on est peu accoutumé en France à user de l'aiguille à la manière des bédouines et des kabyles, et au risque d'avoir un regard moins langoureux que celui de nos soeurs musulmanes, il vaut mieux garder notre manière de nous embellir, moins compliquée et plus rassurante ! »(2)

« Soit avant, soit après avoir passé légèrement sur la paupière le bout du doigt enduit d'un fard châtain ou brun, on suit avec un crayon bleu le bord de la paupière en le passant un peu dans le coin de l'oeil pour l'allonger, sans y aller aussi hardiment que les Egyptiens, dont le V ainsi dessiné couvrait la tempe.

Si malgré l'enfoncement des yeux on désirait les brunir, il ne faudrait teinter que la partie des paupières voisine des tempes en laissant tout le reste intact.

Pour obtenir le « fondu » qui fait le charme du fard, il n'est pas mauvais de poudrer très légèrement la paupière et de l'essuyer non moins légèrement, après qu'on lui aura fait subir ce petit apprêt ».(1)

Les cils

« Beaucoup de femmes teignent leurs cils, soit parce que leurs cils sont blonds et par conséquent n'apportent aucun attrait au regard, soit parce qu'elles en ont peu, et qu'en fonçant la couleur, elles veulent donnent l'impression qu'ils sont épais.

Dans les deux cas, elles sont obligées de se servir de produits spéciaux, très adhérents et assez difficiles à employer.

Il faut se résigner à faire de nombreux essais, et à les faire prudemment avant de choisir une teinture pour les cils qui soit, à la fois, jolie et inoffensive. »(2)

« Les cils de la paupière supérieure se brossent par-dessous. Ceux de la paupière inférieure par-dessus. La brosse doit être très fine et enduite d'un liquide légèrement tonique, pour maintenir les cils dans une position horizontale, ce qui les fait paraître plus beaux. »(3)

Les sourcils

« Si on doit avoir des cils longs et fournis, il faut aussi posséder des sourcils fins et bien dessinés pour que la beauté de l'oeil ne laisse rien à désirer.

Il n'est pas donné à tout le monde de montrer les « sourcils pareils à des arcs de triomphe » dont Flaubert orne sa Salammbô, mais tout le monde peut donner une forme agréable à ses sourcils, dût-on user du rasoir ou du pinceau.

Les gros sourcils broussailleux ne se voient guère chez les femmes ou chez les jeunes gens. Si la malchance veut qu'une jeune personne soit affligée de ces buissons de poils, qu'elle n'hésite pas ! Qu'elle en rase une partie, afin de ne garder que ce qui est nécessaire pour couper la ligne du front aux paupières supérieures, et même, si elle a le courage que donne à notre à notre sexe une coquetterie désespérée, qu'elle les fasse épiler, ce qui est radical encore et plus durable !

Si, au contraire, les sourcils sont rares et pâles, qu'elle les renforce d'un coup de crayon habilement passé sur toute leur longueur !

Et si, encore, ils sont assez épais, mais mal plantés et d'une forme incorrecte, qu'elle en ôte soit le haut, soit le bas, pour dessiner une ligne fine qui accompagne celle des yeux et donne au visage l'harmonie que leur mauvaise direction lui enlèverait.

Voici, me direz-vous, ô mes soeurs, des moyens bien violents ! Mais je n'en vois pas d'autres à employer pour rappeler à l'ordre des sourcils indisciplinés.

C'est que ces deux traits d'ombre sont utiles à l'expression du visage, ils l'adoucissent ou la durcissent bien aisément. »(2)

Astuces

« Pour obtenir du brillant à l'oeil, on peut placer sur la partie saillante de l'angle interne une délicate pointe de rouge gras, mais c'est un détail qui demande à être exécuté avec infiniment de discrétion, car il est généralement réservé à la scène ».(1)

« Je vous conseille plutôt cet artifice tout naturel et tout simple : exprimer une goutte de jus d'orange dans l'oeil ; quand le petit picotement a cessé, l'oeil s'est éclairci, bien qu'il ait conquis cette humidité qui lui donne tant de charme et de brillant.

Voici un autre « truc » de maquillage qui a pour but d'atténuer un défaut, davantage que de donner un charme particulier à la physionomie : quand la racine du nez est un peu épaisse, on place de chaque côté, avant l'oeil, une petite touche de fard brun qui produit une ombre amincissante ».(1)

Images :

Image 1 : Greta Garbo

Image 2 : Carole Lombard - 1928

Image 3 : Anna Q. Nilsson - Photoplay 1920

Image 4 : Louise Brooks

Image 5 :Kiki de Montparnasse - par Gwozdecki - 1920

Image 5 : The dream - Tamara de Lempicka - 1927

Image 6 : Sally O Neil - Motion Picture Classic - 1927

Image 7 : Mary Thurman - Photoplay 1921

Image 8 : Ruby Keeler, Ziegfeld girl, by Alfred Cheney Johnston 1929

Image 9 : Martha Mansfield - illustration de Rolf Armstrong - 1926

Image 10 : Mary Thurman - Photoplay 1921

Image 11 : Louise Brooks

Image 12 : Détail de publicité Helena Rubinstein -1928 

Image 13 : Motion Picture Classic 1928

Image 14 : Dorothy Gish

Image 15 : Gloria Swanson-1929- Motion Picture Classic - 1927

Image 16 : Alice Joyce - Motion Picture Classic - 1927

Image 17 : Louise Brooks- Motion Picture Classic 1926

Image 18 : Gloria Swanson - Photoplay - 1921

Image 19 : Publicité Melba - 1928

Image 20 : Clara Bow - Publicité Maybelline

Sources :

(1) De l'emploi du fard, par Monelle, juillet 1927

(2) Les fenêtres de l'âme, par Marguerite Moreno, 25 mars 1928

(3) Le maquillage, par le Dr Mestadier, 4 avril 1920