Après trois albums unanimement salués par la critique, AF127, le dernier essai de Microfilm est plutôt dans le même esprit de ce que faisait le groupe auparavant, néanmoins, cet album n’est pas tout à fait abouti, la recette commence peut-être à s’user ? Décryptage dans cette chronique.
Il y a deux raisons pour lesquelles vous devriez écouter Microfilm, la première c’est que c’est du Rock instrumental, la deuxième c’est que c’est un groupe assez unique en son genre. Comment ? Microfilm est un groupe à film, je veux dire, un groupe dont la musique est fournie en samples extraits de dialogues de films (des années 50 60 surtout) souvent cultes.
Je me rappelle de The Bay of Future Passed, l’album précédent sorti en 2010, j’avais écrit une chronique assez dithyrambique sur Alternativnews, présicant que ce qui faisait la singularité de Microfilm, c’est de pouvoir nous faire vivre des scènes de films dont nous n’avions jamais entendu parler, les samples prennent chez Microfilm presque le dessus sur la musique. Bien sûr, l’accompagnement musical est indispensable, mais sans les samples, la musique serait superflue. Et justement le problème de AF127, c’est qu’il n y a plus autant de dialogue et que les samples prennent le dessus, mais plus d’ouvrier qui nous parle de son travail à l’usine comme sur le poignant Devant Nous Rien ou de dialogue entre Maggie et son compagnon sur Magarets on the Rocks, un des meilleurs titres du groupe.
Bien sûr AF127 a son lot de morceaux dans le genre, il y a Claude qui est dans le même esprit ; on entend des prostituées parler de leur travail avec une certaine tristesse, mais le sample ne dure pas plus de 2 minutes et le morceau, lui, en fait environ 12 et se perd peu à peu dans un Ambient franchement pas réussi.
Il est triste de voir que Microfilm délaissent un peu ce qui faisait leur particularité, leur force. Que l’on soit d’accord, AF127 est loin d’être un mauvais album, mais il est difficile de ne pas être quelque peu déçu quand on est fan de longue date et qu’on suit le groupe depuis un moment. Il y a sur ce disque des morceaux tout bonnement géniaux. Stranden et sa basse, Beauregard, une des meilleures breaksongs qui m’ait été donné d’entendre qui vient en milieu du LP changer un peu l’ambiance et remettre l’écoute de l’album en route, Rio et son sample qui nous transporte littéralement dans une histoire d’amour, de braquage de banque, de prison, Carnival et son ambiance inquiétante… Mais il est bon de souligner qu’il y a aussi des morceaux plutôt moyens (Dpt.7, Theintruder…). Heureusement, Microfilm a ce génie de cadrer parfaitement la musique selon les dialogues, les révélations. Ecouter la batterie gronder, la guitare se déchaîner lorsqu’on entend « Et je te conduirais à la potence… Avec joie ! ».
Ne vous trompez pas, AF127 reste un album Rock fouille, sombre, mélancolique, rarement joyeux. une BO parfaite des années 60, les frenchy de Microfilm arrivent avec talent à manier la musique pour en faire quelque chose d’unique. Néanmoins, si je devais le faire, je conseillerais à tous ceux qui veulent écouter Microfilm de se tourner vers leurs anciens opus, peut être plus accessibles. Le groupe continue à faire son petit bout chemin, AF127 a sûrement besoin de mûrir, j’en suis presque convaincu. Microfilm n’a jusqu’ici pas fait de faux pas.
Etudiant à l'Ecole Supérieure de Journalisme et de Communication. J’écoute de la musique, beaucoup de musique.
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