KONTACT SONORES 2012
LA LÉGENDE PIERRE HENRY
Vendredi 07
La Toile Sonore Olivier Sens/Guillaume Orti et leurs élèves
Ivan-Mathie-Photographe
La soirée commence par une une Toile sonore, déambulation au gré des classes du Conservatoire de Chalon Sur Saône où des élèves
instrumentistes se frottent aux traitements sonores tous azimuts. Cette création en mouvement, sous la direction du musicien compositeur Olivier Sens nous fait découvrir différentes facettes de la cohabitation
instruments acoustiques, voix comprises, et machines informatiques, dans des séquences entre improvisation et musique mixte. Selon ses affinités avec les timbres et les dispositifs, chacun
pouvait organiser son parcours et ses arrêts sur son.
Cette mise en oreille précédait la "grande soirée" carte blanche à Pierre Henry, que nous ne présenterons plus ici, même pas en temps que "père de la
musique électronique"...
Dans un auditorium plein à craquer, après quelques instants d'attente, Pierre Henry entrait sous les applaudissements nourris
d'un public qui semblait conquis d'avance par cette figure emblématique de la musique concrète, véritable légende vivante. D'ailleurs la forte présence d'un public assez jeune démontrait
l'influence et l'aura qu'exerce encore Pierre Henry sur de jeunes musiciens, et mélomanes.
Avec son imposante toison blanche qui lui confère l'allure d'un grand maître, il s'installe à la console de diffusion et,
après un moment d'intense silence, commence à jouer du potentiomètre pour interpréter "Trajectoire", ligne que suit le corps lancé, une œuvre de 2007.
Entamée dans la sérénité de lointains chants d'oiseaux, ce parcours sonore fulgurant nous emmènera, une heure durant,
dans les méandres de la musique d'un Pierre Henry magicien des sons. Déambulations au rythme des pas, fulgurances, de forêts en univers éthérés, de grondements sourds en envolées lyriques, on est
emporté dans une sorte de voyage initiatique captivant, d'une densité sans concession, crépusculaire.
Puissante, à la limite parfois de l'assourdissant, parfois ténue parfois stridente, cette trajectoire onirique s'achève sur
une "échappée belle" où l'on voit les mains de Pierre Henry, dans une farouche énergie, monter les potentiomètre jusqu'aux limites d'une énergie salvatrice.
L'œuvre est forte, très forte, nous laissant mi-pantelant mi-extatique. La magie a opéré, sauvage et intime à la fois. Pierre
Henry nous a démontré, s'il en était encore besoin, l'incroyable envoûtement de ces flots sonores construits et domptés par ce compositeur, véritable légende vivante, et accueilli en tant
que tel.
Et pour finir dans une communion sonore jubilatoire, un Psy-rock qui a fait swingué nombre d'électro-danseurs, pièce
emblématique de la Messe pour les temps présents, co-écrite par Michel Colombier et Pierre Henry en 1967, sur une commande du chorégraphe Maurice Béjard.
La soirée tint ses promesses, et sans doute au-delà.