le général Smirnov a beau assurer lors des conférences de presse télévisées que les choses évoluent, que les conscrits connaîtront désormais le lieu de leur affectation, par égard pour les familles, il semble qu'au-delà de Novossibirsk la Sibérie demeure ce qu'elle a toujours été : une expérience limite. Une zone floue. Ici ou là, qu'est-ce que ça change ? Alors on embarque tout le monde dans le transsibérien après remise du paquetage et en route.
L'autre jour, Christelle, de l'agence Human to Human, m'a proposé de m'envoyer la sélection du prix Landerneau 2012, et pour une fois j'ai essayé d'être logique en commençant ma découverte par l'ouvrage ayant obtenu le prix, dans la catégorie roman : Tangente vers l'Est de Maylis de Kerangal, qui avait obtenu le prix Médicis en 2010 avec La Naissance d'un pont, mais que je ne connaissais pas du tout.
Ce n'est pas de gaité de coeur qu'Aliocha s'embarque dans le transsibérien ce jour-là. Jusqu'au dernier moment, il a espéré échapper à la conscription, mais, làs, dans la vie les espoirs sont souvent déçus, et il est contraint, avec d'autres jeunes de son âge, de monter dans ce train qui le mènera à l'Est, vers une destination inconnue. A Krasnoiarsk, il échoue dans une vague tentative d'évasion, et peu après rencontre Hélène, une Française, montée dans le train pour fuir son amant. Entre eux va se nouer une étrange relation...
Je n'ai pas aimé du tout du tout. Pour rester dans la métaphore férovière, je suis restée à quai. Je me suis ennuyée à périr (heureusement qu'il est très court sinon je pense que j'aurais abandonné) et j'ai trouvé ce roman aussi passionnant qu'une énième rediffusion de l'inspecteur Derrick. Il ne se passe finalement rien, le rythme est d'une lenteur insoutenable. Je ne dis pas que c'est un mauvais roman, l'écriture est plutôt belle, trop peut-être d'ailleurs, le style est trop visible, trop poétique pour un récit, me semble-t-il. Mais surtout, ce roman ne m'a rien apporté, ne m'a pas questionnée. Je n'ai absolument pas compris les personnage, ils ne m'ont ni intéressée ni touchée, je n'ai pas compris pourquoi Hélène fuyait Anton, je n'ai pas compris quel lien unissait finalement Hélène et Aliocha, je n'ai tout simplement pas compris le propos de ce roman. Par moment, certains éléments m'ont un peu rappelé Un Roman russe d'Emmanuel Carrère, mais en beaucoup moins abouti. Bref, une grosse déception, d'autant plus navrante que depuis j'ai lu d'autres romans de la sélection qui m'ont beaucoup plu, et que du coup je ne comprends pas bien le choix du jury...
Stephie est perplexe également bien que plus indulgente, Leiloona beaucoup plus enthousiaste !
Tangente vers l'Est
Maylis DE KERANGAL
Verticales, 2012