« Nous nous sommes retrouvés sur la même scène presque par coïncidence. Dès la première note jouée, nous nous sommes
regardés et j'ai tout de suite senti que le dialogue que nous allions nouer serait intense ! Tigran ressent et interprète ma musique de façon spontanée et naturelle, et il compose lui-même
exactement comme je pourrais le faire. Après le concert, nous sommes tout de suite convenus de partager cette magie au plus vite en studio ; une semaine après, nous étions de nouveau réunis
devant les micros. C'était tout simplement fantastique d'enregistrer ce disque avec lui »Lorsque je suis tombé sur "Liberetto" chez mon revendeur de son, comme souvent mon premier réflexe fut de jeter
un oeil sur son origine et son line-up. Le suédois Lars Danielsson à la basse et au violoncelle, l'anglais John Parricelli à la guitare, le suédois
Magnus Östrom du tant regretté E.S.T à la batterie, l'arménien
Tigran Hamasyan au piano, et enfin le trompettiste norvégien Arve Henriksen (à la sonorité proche de celle de Nils Peter Molvaer) ; forcément, je me suis dit que ça valait le coup d'essayer. Cela tombait
très bien puisque peu de temps auparavant j'avais déjà pu faire l'acquisition de "A Fable", l'album solo de Tigran que je découvrait avec beaucoup de plaisir. Idem pour Lars
Danielsson dont je ne connaissais que le nom sans n'avoir jamais écouté le moindre disque de lui.En guise de quartet (Arve Henriksen n'intervient pas toujours), je peux d'ores et déjà dire que
"Liberetto" est ma plus belle surprise de ce début d'année. Une fois posé le casque sur mes oreilles pour m'isoler du brouhaha environnant, il ne m'aura finalement pas fallu plus de 30
secondes d'écoute sur les 3 premiers morceaux pour comprendre qu'il avait tout pour me plaire. Si Lars et Tigran ont tout composé à eux 2, on reconnaitra facilement leur provenance à la sonorité
des thèmes abordés. C'est ainsi que des titres comme "Svensk Lat" ou "Hov Arek Sarer Djan" (une chanson arménienne arrangée par Tigran) prennent tout leur sens et nous
immergent dans un folklore aux allures de récits de voyage. Pas besoin de tourner autour du pot bien longtemps pour comprendre que la priorité est donnée au lyrisme et à la mélodie. A ce titre,
le jeu de Tigran est d'une grande intelligence d'esprit. Sans se ménager, il fait preuve d'une adaptabilité remarquable en se "réservant" quelque peu : si "A Fable" demande une attention
particulière pour en saisir toutes les nuances et les intentions, "Liberetto" va quant à lui droit au but et ne se pare que de très peu d'improvisations ("Orange Market" et sa
construction aux allures de "Massada" zornien en est un
bel exemple). Le pianiste est plus posé, plus sobre ou plus "assagi", moins virevoltant de technicité brute, et pour tout dire je crois que je le préfère ainsi.Pour conclure, sachez qu'à part "Ahdes Theme" qui est, pour parler franchement, un peu chiant (on se croirait
dans Titanic), vous pouvez y aller sans peine, que vous soyez jazzophile ou non. Comme d'habitude, l'utilisation du lecteur est grandement conseillée, de préférence via un ordinateur relié à de
bonnes enceintes, mais ça c'est la base. Bien sûr, toute commande de l'oeuvre physique est également la bienvenue.AmazoniTunesOfficiel