« Certaines limites méthodologiques ne permettent pas encore aujourd'hui de se prononcer définitivement en faveur du dépistage systématique ou dépistage de masse : le dépistage par décision individuelle reste donc recommandé et, en pratique, utilisé par plus de deux hommes sur 3 en France », explique l'AFU, Association française d'urologie, alors que la Haute Autorité de Santé (HAS) vient de préciser les conditions, spécifiques, de pertinence d'un dépistage par PSA, après identification des facteurs de risque. Pour la HAS, comme pour l'AFU et les urologues représentés par l'Association, le test ne devrait donc plus être systématique et devrait faire l'objet d'une information du médecin, puis d'une décision médecin-patient.
L'AFU précise, dans le même communiqué que les urologues intensifient leurs actions d'information, de recommandations et d'innovations pour éviter sur-diagnostic et sur-traitement. D'ailleurs, la science puis la pratique clinique ont précédé ces nouvelles recommandations, en France et ailleurs. Aux Etats-Unis, une étude publiée dans l'édition de janvier de l'American Journal of Preventive Medicinemontre que, même avant la recommandation deU.S. Preventive Services Task Force (USPSTF) de ne plus effectuer le test PSA en raison d'un rapport bénéfice-risque jugé négatif, en pratique clinique, les médecins américains ont précédé la consigne en n'orientant les patients qu'a minima vers la biopsie. Spontanément, les praticiens ont eu tendance, durant ces 10 dernières années, à réduire d'eux-mêmes le nombre de biopsies. Cette tendance à la prudence reflète une prise de conscience croissante des médecins des problèmes de surdiagnostic et de surtraitement. Une autre étude, financée par le National Cancer Institute montre que combiner le test sanguin PSA avec d'autres données simples comme la taille de la prostate, le poids du patient et ses antécédents familiaux, pourrait éviter la biopsie à un homme sur 4 qui devrait « normalement » y avoir droit en ne prenant en compte que les résultats du test PSA.
L'AFU est plutôt favorable à un dépistage par décision individuelle. La dernière Journée nationale coordonnée par l'Association Française d'Urologie insistait déjà sur la prise en charge, sur mesure, du cancer de la prostate. Mais pour l'Association, il ne s'agit donc plus de trancher entre dépistage individuel et dépistage systématique ni de se poser la question de la nécessité de limiter l'usage du PSA aux seuls hommes les plus exposés au risque de cancer (antécédents familiaux ou population à risque comme la population noire), la question est de savoir comment identifier ces cancers de faible volume, peu agressifs, pour éviter »le surdiagnostic et le surtraitement.
L'AFU rappelle donc, également, l'importance de la discussion en réunion de concertation pluridisciplinaire, de chaque cas de cancer de prostate diagnostiqué, qui doit prendre en compte l'âge, l'agressivité (grade), le nombre et la longueur de biopsies envahies, la vélocité du PSA… La surveillance active doit être systématiquement discutée comme les autres modalités de traitement. La stratégie thérapeutique doit ensuite être discutée avec le patient.
Aller plus loin, c'est aussi la stratégie des urologues qui réfléchissent déjà, aussi en France aux moyens d'éviter les biopsies inutiles. Il y a également la recherche et de nouveaux tests innovants sont en cours d'évaluation.
Source : Communiqué AFU HAS Rapport d'orientation - Cancer de la prostate (
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