Il est impossible d’échapper au charme de cet écrivain discret venu d’Australie. Son écriture sobre, précise, aux émotions contenues ainsi que sa force narrative éblouissante, évoquent une banlieue de Melbourne entre les années 50 et les années 70. Nous y croisons le destin de Rita, de son mari Vic, le mécanicien du premier livre, De l’art de conduire sa machine et de leur fils Michäel, fasciné par le cricket dans Un long adieu. Photographie en sépia, pourrait-on dire, de ce faubourg paisible qui s’ouvre peu à peu aux résonances du monde avec ses personnages attachants, constamment en mouvement, en devenir, à la recherche d’une vie meilleure.
Steven Carroll est vraiment un conteur extraordinaire. Son économie verbale pour dire la fragilité de l’amour, l’espoir qui vacille, la tristesse de l’enfance évanouie ou l’inexorable métamorphose des paysages urbains, tient de la magie et suffit à qualifier son talent d’incomparable. Avec Le temps qu’il nous a fallu s’achève cette chronique familiale et sociale. Célébration mélancolique de la mémoire qui s’épanche où les souvenirs ont remplacé les rêves, où les jeunes qui défendent l’avenir contrastent avec les plus anciens qui ont passé le témoin et ne se sentent plus nécessaires à la collectivité, spectateurs ironiques du temps qui passe. Magnifique! Steven Carroll est né à Melbourne en 1949. Enseignant au niveau secondaire et critique dramatique, il se consacre aujourd’hui exclusivement à l’écriture. Ses plus belles récompenses littéraires sont le Miles Franklin Award 2008 et le Commonwealth Writers Prize 2008 pour Le temps qu’il nous a fallu.Il vit à Melbourne, partage sa vie avec l’écrivain Fiona Capp – publiée par les éditions Actes Sud - depuis plus de 15 ans et leur fils de 10 ans.De l'art de conduire sa machine (Phébus, 2005)
Un long adieu (Phébus, 2006)
Le temps qu'il nous aura fallu (Phébus, 2009)
publié dans Le Passe Muraille no 80 - décembre 2009