Il serait facile de descendre "The Artist" dans ma tête. Après avoir attendu près d'un an et subi tout le tapage médiatique que l'on sait, il est normal que je ne puisse plus regarder ce film avec fraîcheur et dans un état vierge de réceptivité. Un sentiment d'avoir 'découvert' l'œuvre par procuration qui fait que ma première vision a été source de déception. Il me semblait voir les images de très loin, comme si j'avais en face de moi un écran dans un écran. Comme si je regardais les images et en même temps on me les commentait. Difficile, avec cet enclos de distanciation, de me laisser submerger par de grandes vagues d'émotion. Je voyais Dujardin jouer Dujardin et Bérénice jouer Bérénice, et le réalisateur sur son siège de réalisateur...
Cela dit, étant donné ce conditionnement,'The Artist' est une oeuvre qui gagne à être revue - ce que j'ai fait, en compagnie de mes enfants qui plus est. J'ai pu ainsi me rendre compte que le film n'est pas désagréable et qu'il plaît à un public dénué de préjugés. Il bénéficie, il est vrai, d'une singulière conjugaison de talents: production parfaite, réalisation soignée, interprétation inspirée, très belle partition musicale, tout s'agence parfaitement pour rendre un hommage panoramique à la magie du cinéma. Il demeure toutefois quelques réserves que je voudrais émettre. L'histoire bien mince, conventionnelle, sans surprises, rappelle plein de choses déjà vues et aimées ailleurs. Par ailleurs, tout courageux qu'il soit, le concept rebute parfois par ses saillances mécaniques et artificielles. Peut-être le réalisateur a-t-il voulu trop en faire, trop appuyer sa révérence au 7e art.... Je me suis ainsi quelque peu lassé des nombreux clins d'oeil cinéphiles, à 'Singing in the Rain', Citizen Kane, Docteur Mabuse, The Crowd, Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks, ou encore Fred Astaire et Ginger Rogers.