A deux semaines du 1er tour de l’élection présidentielle, les jeux sont-ils faits ? Malgré une forte poussée depuis un mois, le candidat Sarkozy ne parvient toujours pas à faire bouger les lignes au second tour face à François Hollande. Derrière, la bataille pour la 3ème place fait rage : connaissant une progression spectaculaire, le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, bouscule Marine Le Pen.
Pour décrypter l’état du rapport de force électoral, Délits d’Opinion et ses partenaires, CSC et Slate.fr organisaient leur 4ème Zinc de Délits d’Opinion ce jeudi 5 avril. Une 60 d’invités rassemblant des responsables d’agences de communication, sondeurs, membres de cabinets ministériels ou journalistes ont pu échanger autour d’Emmanuel Rivière, Directeur du département Stratégies d’Opinion de l’Institut TNS-Sofres, Jean-Marie Colombani, Directeur de la rédaction de Slate.fr et de Roland Cayrol, Directeur de recherches au Cevipof.
Pour Emmanuel Rivière, « la seule vraie dynamique forte est celle de Jean-Luc Mélenchon« , désormais fort d’un soutien massif des électeurs de gauche. A l’extreme droite il observe « un relatif tassement de Marine Le Pen, qui doit être pris avec prudence notamment parce qu’il n’existe pas de réfetentiel sur Marine Le Pen lors d’une élection présidentielle mais aussi parce qu’elle conserve un score très élevée au niveau de sa popularité« . Enfin, Emmanuel Rivière note l’affaiblissement de François Bayrou, lié à une stratégie au contours flous pour les électeurs de 2007.
Pour Roland Cayrol, « François Hollande a aujourd’hui 7 chances sur 8 de devenir Président« . Un chiffre obtenu en croisant les différentes intentions de vote et les matrices de reports des instituts. Il estime que « Nicolas Sarkozy veut engager un combat droite gauche très marqué dans l’entre deux tour et permettre ainsi de faire le plein de votes « Bayrou » en réaction à la montée de Mélenchon« . Sur ce dernier point, Roland Cayrol juge que cela ne devrait pas suffire, en particulier parce que Hollande et ses équipes incarnent une gauche modérée.
Jean-Marie Colombani enfin a posé la question de la légitimité des sondages : « j’avoue mes doutes sur certains chiffres, surtout depuis Villepinte. » Il reste selon lui encore « une vraie place pour l’imprévu, surtout si l’on considère que 25% des électeurs ont modifié leur intention de vote sur les 50 derniers jours« . Plus globalement le co-fondateur de Slate.-fr estime que « la campagne a été trop celle de groupements et pas suffisamment celle de projets d’ensemble qui puissent toucher les Français au niveaux de leurs préoccupations« . Enfin, le Directeur de la rédaction de Slate ne croit pas, comme les 2 autres intervenants, à la possibilité d’une cohabitation dont les Français sont revenus, surtout depuis l’instauration du quiquennat.
A 17 jours du premier tour, ce 4e ZINC de Délits d’Opinion a bien mis en lumière l’indéniable cristallisation. Mais, si le nom des deux finalistes semble d’ores et déjà acquis, les résulats de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon pourraient éventuellement relancer le match au soir du premier tour.
Remerciements à http://infos-reportages.com/ pour les photos du 4e ZINC de Délits d’Opinion