En Janvier c'était Jebali et Ghanouchi qui voulaient "contrôler" les médias pour offrir une information plus réaliste sur ce qui se passait, alors qu'en février ce fût le mois de "l'affrontement" entre Presse et Pouvoir mais surtout le mois de l'affaire Attounssia. Le mois dernier aura incontestablement été celui de la Télévision Tunisienne Nationale.
Piqûre de rappel : un appel dans divers mosquées (comme toujours) et sur Facebook (pour ne pas changer) a été lancé pour manifester après la prière du vendredi 02 mars devant le local de la Télévision étatique et demander un "assainissement" des médias en général ainsi que le départ de figures associés à l'ancien régime et qui continuent, selon eux, à induire la population en erreur à travers des informations et des reportages qui ne reflètent pas le "bon" travail du gouvernement actuel.
Ce campement de salafistes et de militants d'Ennahdha a été jugé légal par les autorités "compétentes" (sic) et reste toujours en place. La direction de la télévision nationale a pour sa part porté plainte contre ces sit-iners.
Le 08 mars, c'était la journée de la femme. Une occasion pour beaucoup de personnes d'aller célébrer au Bardo cette journée internationale, défendre les acquis de la femme mais en profiter aussi pour protester contre l'outrage qui a été fait au drapeau nationale un jour avant à la faculté de la Manouba.
Bizarrement, le seul média qui a omis d'en parler était la Télévision tunisienne nationale alors que deux jours auparavant le journal de 20h avait récupéré des vidéos postés sur Facebook pour parler de l'affaire du drapeau !
Toujours avec la TTN, Said Khezami un ancien d’Al Jazeera a été nommé fin mars rédacteur en chef du journal à la place de Moufida Hachani. Même si ce choix fait suite à un appel à candidature et un entretien avec un "jury indépendant, choisi d’un commun accord par les différentes parties concernées, notamment l’INRIC et le Syndicat National des Journalistes", ce sont les déclarations de Said Khezami par rapport au sit-in "qui se tient depuis plusieurs jours devant le siège de la télévision nationale" qu'il trouve légitime et "son souhait de considérer sa nomination comme un message à ces derniers tout en espérant pouvoir évoluer les choses au sein de la télévision tunisienne."
A l'occasion de la journée mondiale contre la cyber-censure le 12 mars dernier, Reporter Sans Frontières a décerné le prix du Net citoyen à des journalistes et militants syriens et a publié son rapport sur la cyber censure à travers le monde.
La Tunisie ne figure plus dans la liste noire des pays ennemis d'internet mais reste dans celle "sous surveillance" suite aux différentes formes de censure imposées par le tribunal militaire, le procès de filtrage des sites pornographiques à l'encontre de l'ATI, jugement certes cassé par la Cour de cassation et désormais en appel, mais aussi les trois plaintes déposées pour diffamation à Medenine contre les blogueurs Riadh Sahli et Marwane Athemna qui avaient justes publiés des textes relatant la mobilisation de manifestants contre la nomination du nouveau conseiller du gouverneur.
La fin du mois de mars a été marquée par l'affaire Mahdia où deux personnes avaient écopés chacun de 7 an et demi de prison ferme et de 1200 TND d’amende pour publication de photos insultant le Prophète sur leur profils personnels sur Facebook.
Cette affaire, peu médiatisé pour l'instant, met d'un côté les défenseurs de l'idée que Ghazi Al Beji et Jabeur Mejri ont été jugés en raison d'actes contraires à l'ordre public, pour atteinte aux croyances d'autrui et pour avoir porté préjudice à autrui.
De l'autre côté, on parle tout simplement de procès pour Athéisme et une atteinte à la liberté d'expression et à la liberté de culte.