Le Pomerol 1990 de la Famille Vayron et un autre cru d'un pote bien aimé

Par Mauss

Les sessions du GJE pour le CRD (Cercle Rive Droite), se terminent toujours (merci Martine) par des dîners où la sympathie et la simplicité sont les mots clés.

Le samedi soir donc, un peu plus de 20 convives se retrouvent au Grand Barrail Lamarzelle Figeac en bas de Saint-Emilion où un nouveau chef est en train de se faire une place au soleil.

Oui, oui, Laurentg était là et chargé ! Achtung ! Dans le sens premier du mot : il avait apporté de belles topettes. Généreux et peu bavard : comme quoi, l'écriture, c'est autre chose :-)

 Nous sommes arrivés à ce magnum de 1990, ouvert le matin, après, entre autres, un 2000 en plein devenir. Certes, le 2000 offrait déjà une belle suavité, une douceur contrôlée, avec une matière consistante, mais il manquait cette finesse exquise… qu'on a eu en majesté dans le 1990.Ce 1990 est quelque part un sommet. Il se peut qu'il connaisse une évolution supérieure à venir et plus satisfaisante pour le sieur Audouze (va savoir Charles…). Mais pour bibi, c'est clairement un vin à son sommet. Il a plus de 20 ans, il est en pleine possession de ses moyens et dès le nez, on pressent un moment magique, totalement confirmé et magnifié par la mise en bouche.Là où un Perrin nous donnerait un descriptif *** (il était là), je ne peux malheureusement aligner que des mots simples : ce vin apportait une réelle émotion et, si besoin est, un rappel qu'à Bordeaux, il y a régulièrement des choses exceptionnelles, comme ce superbe Château Margaux 1986 dégusté chez le Baron Velge (avec un extraordinaire cognac Tesseron 1953) ou ce Haut-Brion 1989 que me sert régulièrement le petit Vialette pas avare de ses joyaux. Quelle leçon tirer de ce magnum offert par Madame Vayron ?  Qu'à Pomerol, il n'y a pas que Petrus, VCC, Trotanoy ou La Conseillante (des références, c'est sûr) mais qu'on peut y dénicher à prix sensiblement plus abordables, des crus de la même AOC qui approchent sans crainte les sommets que sont ces noms cités. Une autre leçon du jour : si effectivement, au bout de 5 à 10 ans un grand bordeaux offre déjà de flatteuses impressions (rondeur, suavité, élégance), le véritable déclic se fait bien plus tard, surtout dans les grands millésimes comme l'est ce 1990. Il se passe alors quelque chose, un changement de niveau, un saut qualitatif et surtout une nouvelle palette d'appréciations allant bien au-delà des beaux plaisirs jouvenceaux des crus tastés trop jeunes. On est clairement dans le monde de l'émotion. Encore merci à Martine et à Madame Vayron de nous avoir offert ce beau moment rare de convivialité à très haut niveau.
 Et donc, figurez vous qu'après ce monument de pomerol,  …le trop sérieux Laurentg osa proposer à l'assemblée de déguster à l'aveugle un cru qu'il avait apporté (avec un vin de Fredi qu'il avait rencontré récemment en Espagne). Je crains le pire car, pour suivre ce Vayron 1990, va falloir faire dans le quasi-géant !Je ne reconnais pas le vin (j'aurai dû pourtant !) mais effectivement, bien que d'un tout autre style, il est évident qu'il n'a pas à rougir du précédent. La classe est immédiate, on sent le grand millésime, tout est en place et par rapport à son précédent, la luxure (oui, j'ose ce mot païen) est un peu plus présente. C'est tout grand et le risque de clash disparaît aussitôt. Imaginez ma surprise ! Un cru de mon pote Roberto Voerzio, et effectivement dans le millésime 1997 qui a été au Piémont un "plus" en tout.  Que dire de ce Cerequio ? Simplement que lorsqu'un vrai grand vin suit un autre vrai grand vin, quand bien même sont-ils d'origine bien différente, cela ne pose aucun problème à l'amateur oenophile. Belle leçon de choses. Le nez, le palais ressentent tellement de choses différentes, mais toujours à un niveau exceptionnel, que tout esprit de comparaisons douteuses ou foireuses disparaît. On est simplement à un sommet, et que l'on se tourne à droite ou à gauche, on est en haut. Le Grand Jacques et François R, alpinistes notoires, me comprennent. Merci encore au CRD, à Martine, à la famille Vayron, et à Laurentg de nous avoir offert ainsi une soirée mémorable.