Les doctrines collectivistes reposent sur la jalousie sociale, ce qui les conduit de façon nihiliste à préférer la pauvreté pour tous à une richesse inégalement partagée.
Un article de Wikibéral.
« L’envie est naturelle à l’homme ; cependant elle est un vice et un malheur tout à la fois (…). Nulle haine n’est aussi implacable que l’envie ; aussi, nous ne devrions point incessamment et assidûment l’exciter ; au contraire, nous ferions mieux de renoncer à ce plaisir, comme à beaucoup d’autres, vu ses dangereuses conséquences. »
– Arthur Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie.
La richesse est l’abondance de biens ou de revenus. En économie politique, elle désigne l’ensemble des biens dont l’usage ou la propriété fournit une satisfaction.
Les libertariens distinguent la richesse légitime, acquise par le travail et l’épargne, transmise par l’héritage, de la richesse illégitime, qui provient du vol étatique sous toutes ses formes (impôts, privilèges, subventions…), ainsi que du vol de droit commun.
Le véritable riche n’est pas membre de la nomenklatura étatique et ne bénéficie pas du pillage fiscal (il en est la principale victime, au nom de la démagogie politique). Sa richesse (hormis dans le cas très particulier de la thésaurisation) profite à l’ensemble de la société, soit qu’il la dépense, soit qu’il l’investisse (le riche est contraint d’investir son superflu dans des opérations profitables pour éviter qu’il se déprécie). Comme le dit Frédéric Bastiat, justifiant la moralité de la richesse : « le profit de l’un est le profit de l’autre ». On pourrait appeler cela le « paradoxe du riche » : le riche, s’il veut le rester, est obligé de mettre son argent dans le circuit économique, par la dépense ou l’épargne, au bénéfice du reste de la société. Quand on le contraint par la force à le faire (impôt), cela diminue d’autant le volume de cet argent « utile », détourné par la pègre étatique.
Le collectivisme affirme souvent, fidèle à sa conception erronée et démagogique de l’égalité, que « les riches s’enrichissent sur le dos des pauvres ». C’est prétendre de façon malthusienne et manichéenne que l’économie ne peut jamais créer de valeur et que l’échange est un jeu à somme nulle, ce qui justifie le vol étatique et la redistribution forcée des revenus, sous prétexte que les pauvres deviendraient toujours plus pauvres. L’évolution du capitalisme montre que l’enrichissement est toujours partagé, et que le pauvre d’une société capitaliste est nettement plus riche que le pauvre d’une société socialiste.
Jalousie, quand tu nous tiens…
La jalousie est un sentiment profondément ancré en l’homme. Le « jeu de l’ultimatum » [1], bien connu en sociologie, montre que la plupart des gens préfèrent renoncer à un gain plutôt que d’accepter que leurs semblables gagnent davantage qu’eux, ce qu’ils jugent « injuste ». En dernier ressort, les doctrines collectivistes reposent sur la jalousie sociale, ce qui les conduit de façon nihiliste à préférer la pauvreté pour tous à une richesse inégalement partagée.
Ceux qui sont révoltés par la richesse de certains (sentiment humainement compréhensible) devraient se poser la seule question qui compte : quelle est l’origine de cette richesse ? Provient-elle de la coercition / de la violence, ou de l’échange libre ? En laissant de côté tout sentiment de jalousie et d’envie, suis-je personnellement lésé par cette richesse ?
Le libéralisme est bien une idéologie pour les riches (comme l’affirment certains), oui, mais aussi pour les moins riches, et pour les pauvres : sa préoccupation n’est pas d’entériner les différences sociales, mais de garantir le droit légitime de chacun en empêchant la loi du plus fort d’instaurer des privilèges. Derrière chaque fortune mal acquise on trouvera toujours un homme de l’État : « si les riches ne sont pas puissants, ni les puissants riches, ça ne dure généralement pas très longtemps » (François Guillaumat). Alors que le collectivisme garantit la même pauvreté à tous – sauf à la nomenklatura étatique – seul le libéralisme permet aux pauvres de devenir riches :
Les riches, les propriétaires d’établissements déjà en activité, n’ont pas d’intérêt de classe spécial dans le maintien de la libre concurrence. Ils sont contre la confiscation et l’expropriation de leurs fortunes, mais leurs situations acquises les inclinent plutôt en faveur de mesures empêchant des nouveaux venus de mettre en jeu leur position. Les gens qui combattent pour la libre entreprise et la libre concurrence ne défendent pas les intérêts de ceux qui sont riches aujourd’hui. Ils réclament les mains libres pour les inconnus qui seront les entrepreneurs de demain et dont l’esprit inventif rendra la vie des générations à venir plus agréable. Ils veulent que la voie reste ouverte à de nouvelles améliorations économiques. Ce sont les avocats du progrès économique.
— Ludwig von Mises, L’Action humaine
« Le fossé entre riches et pauvres s’élargit »
Si tant est que cette affirmation soit exacte, on oublie aussi de préciser que la condition des pauvres s’améliore, ce qui est le fait le plus important. En-dehors du cas particulier de la thésaurisation, il est impossible que la richesse augmente de façon globale sans que tous en profitent directement ou indirectement. Le fossé entre riches et pauvres s’élargit en valeur absolue (car les « riches » d’aujourd’hui sont plus riches que ceux d’il y a un siècle), mais au contraire se rétrécit en valeur relative (les bas salaires ou les salaires moyens sont bien moins éloignés des hauts revenus qu’autrefois).
Comme Margaret Thatcher l’expliquait, le souhait des « progressistes » de « réduire le fossé entre pauvres et riches » signifie qu’ils sont d’accord pour que les « pauvres » soient encore plus pauvres pourvu que les « riches » soient moins riches. Pour eux, il est implicite que les riches ne sont pas riches par leur propre mérite, mais parce qu’ils volent les pauvres (d’où ce « fossé » qui s’accroîtrait entre eux). Il leur est indifférent que le sort des pauvres s’améliore dans une société libérale, ce qui importe pour eux est que les riches ne soient pas « trop riches » : ce n’est donc pas autre chose qu’une expression de l’éternelle jalousie sociale.
Par ailleurs, la dichotomie riche/pauvre n’a fondamentalement pas de sens : on est toujours le « riche » ou le « pauvre » de quelqu’un. À partir de quel moment est-on riche ou pauvre ? Une telle dichotomie n’a d’intérêt que pour les collectivistes qui veulent instaurer à tout prix l’égalitarisme en excitant la jalousie sociale, en faisant croire que rendre les riches moins riches rendra les pauvres moins pauvres.
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Sur le web
Note :
- Dans le jeu de l’ultimatum, on donne une certaine somme à un cobaye. Celui-ci doit en remettre une partie à un partenaire (qu’il ne connaît pas), en décidant du montant du partage (1%, 10%, 40%, 50%, 90%, etc.). Si le partenaire accepte le partage (par exemple 40%-60%), alors chacun reçoit la somme dans les proportions proposées par le cobaye. Si le partenaire refuse le partage, alors, selon la règle du jeu prédéfinie et acceptée à l’avance, personne ne reçoit rien. On constate que le partenaire refuse des partages qu’il juge à son désavantage (ce qui est irrationnel, puisqu’il y perd), le but étant de « punir » l’offreur de son manque d’altruisme. Le seuil de refus est variable selon les cultures et les pays. Des expériences semblables faites sur des singes n’ont permis de démontrer aucun sentiment de jalousie chez eux. ↩