Jardin religieux où les buis sont si beaux,
Et les cèdres, et l’olivier
Ombrageant d’un chanoine ou deux les vieux tombeaux,
Où tu pleures sur le gravier
En ce Vendredi-Saint qui ne veut qu’être bleu,
Jeune arbre charmant de Judée !
La Croix là-haut s’érige avec le Fils de Dieu.
Au vent tiède c’est une ondée
De roses fleurs ensanglantant soudain le buis ;
Mais, suave, un parfum m’attire,
Celui du violier, meilleur que ceux du lys.
Vienne l’heure où le Christ expire,
Dans ce parfum je veux ne plus penser à rien
Qu’au cruel amour, à la mort ;
Peut-être à dérober au somnolent gardien
L’anémone de pourpre et d’or.
Jean LEBRAU (1891-1983).
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