Ikea veut donc faire son mea culpa. Très bien, mais cette affaire me rappelle ce que m'avait raconté lorsque, il y a quelques années, j'écrivais l'histoire des NMPP, aujourd'hui Presstalis la secrétaire d'un ancien directeur général. Le recrutement s'y faisait, un peu comme chez Ikea, avec le secours de quelques policiers et gendarmes à la retraite qui menaient des enquêtes systématiques sur les candidats. Il s'agissait d'identifier, pour mieux les éliminer, les militants du parti communiste ou de la CGT. C'était avant les fichiers et ces braves gens usaient leurs semelles à interroger concierges et voisins. Rien de nouveau donc. A ceci près que le PC et la CGT, particulièrement puissants aux NMPP, avaient obtenu que les enfants des collaborateurs (tous affiliés à la CGT et pour beaucoup au PC) soient recrutés en priorité. Résultat paradoxal : malgré toutes les enquêtes, l'entreprise ne recrutait (ou presque) que des gens déjà acquis à un syndicat dont les méthodes étaient parfois contestables. D'où la puissance d'une organisation qui profitait par ailleurs d'une position de force puisqu'il lui suffisait d'arrêter quelques minutes les ateliers de confection des paquets de journaux pour bloquer la distribution sur toute la France.
Dans le cas d'Ikea il semble qu'il y ait eu aussi la volonté de réduire l'influence d'une organisation syndicale (FO) et de lutter contre le vol du personnel (si vol il y avait). Cela se fait sans doute dans bien d'autres entreprises. Mais cet exemple montre que la solution retenue par Ikea est la pire de toutes. Non seulement elle est inefficace mais elle détruit pour longtemps le lien de confiance entre les salariés et la direction sans lequel aucune entreprise ne peut longtemps fonctionner de manière satisfaisante. Qui, chez Ikea, peut aujourd'hui croire un mot de ce que disent les directeurs de magasin?