Un pessaire en silicone pourrait efficacement retarder l'accouchement prématuré chez 94% femmes à risque. Cette étude espagnole, dont les conclusions sont publiées dans l'édition du 3 avril du Lancet montre que le taux de prématurité chez les femmes enceintes à risque accru peut être réduit de 27% à 6% grâce à ce dispositif médical en forme d'anneau, très peu coûteux. Et 95% des femmes qui l'ont porté, pourraient le recommander.
Le pessaire est dispositif médical qu'on introduit dans le vagin chez les femmes souffrant d'un prolapsus utérin (ou descente d'organes) afin de maintenir l'utérus dans sa position. Il s'agit d'un anneau flexible en plastique ou en silicone. Les auteurs rappellent que prématurité est une cause majeure de morbidité et de mortalité pour les bébés. Trouver un moyen sûr et efficace de réduire le nombre de prématurés est un objectif en soi.
La pratique clinique actuelle se concentre sur l'identification des femmes à risque d'accouchement prématuré, sur la gestion de leurs facteurs de risque, comme par exemple, le diabète et l'HTA pendant la grossesse, sur une surveillance étroite des femmes à grossesses multiples ou ayant des antécédents de naissance prématurée, l'encouragement à l'arrêt du tabac, ou à une alimentation équilibrée. Les interventions « directes » pour prévenir un travail et une naissance prématurés sont limitées. Certes, il y a le cerclage du col utérin mais la technique reste plutôt limitée aux femmes à antécédents de naissances prématurées ou de fausses-couches. Des médicaments anti-contractions peuvent être également envisagés dans des situations très précises.
Un besoin d'autres méthodes éprouvées pour prévenir un travail prématuré : Cet essai espagnol, contrôlé randomisé, mené par des chercheurs d'instituts de recherche et d'universités espagnoles financé par l'Institut de santé Carlos III a donc évalué l'efficacité du pessaire- ici un anneau en silicone non-médicamenteux- inséré dans le col de femmes présentant un col raccourci (25mm ou moins) donc à risque accru d'accouchement prématuré. C'est le premier essai de l'utilisation de pessaires du col de l'utérus dans la prévention de la prématurité. Il a été mené dans 5 hôpitaux espagnols sur 385 femmes âgées de 18 à 42 ans enceintes d'un enfant unique. Les femmes participantes ont été réparties aléatoirement pour recevoir un pessaire ou non. Le pessaire a été retiré après 37 semaines de grossesse ou plus tôt. Les chercheurs ont analysé le nombre de femmes ayant eu un accouchement spontané avant 34 semaines de grossesse dans chaque groupe.
L'étude suggère donc que ces pessaires peuvent réduire le nombre de naissances prématurées avant 34 semaines de grossesse à seulement 6% des femmes à risque :
· L'accouchement spontané prématuré (avant 34 semaines) s'avère en effet significativement moins fréquent dans le groupe pessaire, survenant chez 6% du groupe vs 27% du groupe témoin (OR : 0,18 IC : 95% de 0,08 à 0,37). C'est donc une réduction de 21% en valeur absolue du risque.
· L'âge gestationnel moyen à l'accouchement est significativement plus élevé dans le groupe pessaire, avec des naissances en moyenne à 37,7 semaines de grossesse vs 34,9 semaines dans le groupe témoin.
· Du coup, les traitements médicamenteux sont plus fréquents dans le groupe témoin.
· Les faibles poids de naissance, les syndromes de détresse respiratoire, les septicémies et l'ensemble des complications sont moins fréquents dans le groupe pessaire.
· Seul point négatif, l'insertion et le retrait du pessaire signalé fréquemment comme douloureux.
· Pourtant, 95% des femmes du groupe pessaire recommandent le dispositif.
Le pessaire peut donc être une alternative abordable, sûre et fiable pour la prévention de la prématurité chez les femmes enceintes à risque élevé de naissance prématurée.
Source: The Lancet, Early online publication, April 3 2012 doi:10.1016/S0140-6736(12)60030-0 Cervical pessary in pregnant women with a short cervix (PECEP): an open-label randomised controlled trial. (Visuel Mayo Clinic)
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