Face à la terrible tuerie de Toulouse et de Montauban, l'immense majorité du pays a réagi avec compassion, solidarité, dignité. Aujourd'hui la peine n'est pas tarie et nous n'oublions pas. Le temps est venu pour tous ceux qui refusent les paroles de haine, qui ont été prononcées depuis, de s'unir pour s'y opposer.
L’identité du tueur est désormais en train d’ouvrir les vannes aux discours de haine et de guerre. A la suite du violent climat de xénophobie qui a été soigneusement entretenu ces dernières années jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, les amalgames nauséabonds reviennent au galop : immigration, insécurité, terrorisme, misère. Avec ceux qui croient au ciel et avec ceux qui n’y croient pas, nous voulons faire barrage à ce déferlement, nous voulons lancer un puissant message de paix.
Ces évènements dramatiques n’adviennent pas dans un ciel sans nuages. Ces derniers temps, de polémiques dangereuses en stigmatisations malsaines, religion comme laïcité ont été détournées pour essayer de faire avancer la peur de l’autre et le repli sur soi. Chaque geste en ce sens a donné du grain à moudre aux racistes comme aux intégristes, qui au fond se rejoignent et se nourrissent.
- Nous avons dû combattre la course à l’islamophobie engagée par le Président de la République et ses amis avec Marine Le Pen. Aux hommes et aux femmes de confession musulmane, qui ont été violemment montrés du doigt, nous voulons dire qu’ils ne sont pas seuls.
- Nous avons dû dénoncer la façon insultante qu’a eu Nicolas Sarkozy de s’approprier la foi des chrétiens et d’y mêler la République. Subissant de plein fouet sa politique, nombre d’entre eux ont été choqués par les valeurs qu’il a foulées aux pieds, avec la traque des roms, la stigmatisation des chômeurs et le culte de l’argent.
- Nous avons dû démasquer l’imposture de l’extrême droite et les dérives de la droite qui a cherché à réveiller la bête immonde, en ressuscitant l’idée de civilisations supérieures et en montrant du doigt les comoriens, les tunisiens ou encore les grecs. Une droite qui a cherché à réinventer le racisme sur la base des convictions religieuses. L’antisémitisme ne tarde pas à surgir, lorsque la peur et la haine de l’autre grandissent. Il faut s’unir pour les combattre ensemble !
- Nous avons du affronter les fondamentalismes, qui contestent la légitimité de la République et veulent imposer des lois au nom de présupposés religieux. De même que les communautarismes, qui apparaissent pour certains comme des refuges face à la violence du monde, mais en réalité isolent et opposent.
- Nous avons dû, enfin, défendre la laïcité, à qui l’on a bien souvent voulu faire dire des choses qu’elle ne dit pas. Elle établit l’égalité de droits pour tous les citoyennes et citoyens, quelles que soient leurs convictions religieuses ou philosophiques, dans un état indépendant. Cette égalité de droits comprend l’égalité entre hommes et femmes qui demeure dans toute la société un combat essentiel à mener. La laïcité est une grammaire du vivre ensemble.
C’est pourquoi nous refusons cette manière qu’a Nicolas Sarkozy de vouloir dicter aux croyants les cadres d’une religion-pharmacie qui serait chargée de répandre une morale publique d’appoint et de renvoyer dans l’au-delà les attentes d’une vie meilleure. Comme nous refusons une conception de la laïcité qui mène combat contre la religion et cherche à formater des individus dépouillés de leurs convictions dès qu’ils franchissent le pas de leur porte. Les communistes pensent que les croyants ont beaucoup à apporter au pot commun dans la construction d’une société plus humaine.
Nous voyons bien que le pouvoir en place n’a jamais eu qu’une idée en tête : diviser, opposer, désigner des boucs-émissaires. La laïcité est tout l’inverse de cela. Elle doit permettre un débat démocratique apaisé, parce que chacun s’y sent respecté, pour construire la paix.
Notre société est traversée par une crise sociale et économique, mais aussi écologique et démocratique, d’une extrême gravité. Pour nous, il s’agit d’une crise de civilisation qui remet profondément en cause la place et le devenir de l’humain. Elle est le résultat de choix politiques, outrancièrement accentués ces dernières années, qui ont conduit à des régressions majeures et à des renoncements dévastateurs pour la vie quotidienne des hommes et des femmes. Les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité ont été allègrement piétinées. Comment bien vivre ensemble lorsque l’angoisse du lendemain est devenue une obsession lancinante ?
Il y a urgence aussi à arrêter les guerres néo-coloniales insupportables qui servent aujourd’hui de prétexte à des fous et à établir une paix juste en Israël et en Palestine.
La seule solution, la seule perspective qui devrait nous faire vibrer, c’est la fraternité, c’est une humanité dans laquelle chacun est reconnu et respecté.
Avec le Front de gauche, la volonté du Parti communiste français est plus que jamais de construire un changement profond qui conteste le pouvoir des forces de la finance et fasse valoir l’humain d’abord. Ce changement, nous voulons le construire avec notre peuple dans sa diversité. Et pour reprendre à nouveau la formule d’Aragon, avec celles et ceux qui croient au ciel comme avec celles et ceux qui n’y croient pas.
Les vraies raisons de nos difficultés ne sont à chercher ni chez celui qui croit différemment, ni chez celui qui souffre plus encore, ni chez l’étranger qui essaye de survivre à la traque, ni chez le jeune qui ne se voit pas d’avenir.
On les trouvera dans le choix de la concurrence à tout crin, la destruction de l’intervention publique, les atteintes à la démocratie, la marchandisation de tout ce qui pourrait nous unir et nous grandir, les discriminations en tous genres, la recherche effrénée du profit maximum quelles qu’en soient les conséquences, l’accaparement des richesses par quelques uns, les guerres néo-coloniales…
Hommes et femmes du peuple, nous pouvons nous unir dans notre diversité, face aux vraies causes et aux vrais responsables de notre mal-vie.
Nous sommes convaincus qu’il y a besoin d’autres choix politiques, radicalement différents. Des choix politiques qui mettront l’humain au coeur des préoccupations et des enjeux, pour redonner du sens au vivre ensemble.
En prenant garde de ne pas tout ramener aux élections, nous tenions à vous adresser ces quelques mots de respect et d’espoir, après ces années de traumatismes. Ces quelques mots de confiance en ce que notre peuple est capable de construire. Ensemble, prolongeons le débat et poursuivons sur des chemins communs.