Les auditeurs de notre émission « Le Mercredi c’est Graoully » se souviennent sans doute de la chronique que j’avais fait il y a quelques mois déjà sur cet artiste. Et à en juger les nombreux retours positifs qui ont suivis, je me dis, à mon grand soulagement, que la chanson française et surtout la poésie ont encore de beaux jours devant eux.
Cet artiste, c’est donc Bertrand Pierre. Il y a quelques années, il était Bertrand des Pow Wow. J’aurai la délicatesse de ne pas insister sur cette période, par respect pour un passé, dont les souvenirs restent de toutes parts intacts, tendres, doux et beaux.
Aujourd’hui, il est simplement lui, simplement Bertrand Pierre. Ce que je puis en dire d’abord, c’est qu’il n’a pas le coeur de son nom. L’homme est d’une simplicité et d’une gentillesse déconcertante. Des plus accessibles.
Dans cette salle de la MCL de Metz, d’évidence déjà conquise et bien choisie pour ce format de concert, il a dans une ambiance intime, feutrée, fait planer les âmes avec ce concert acoustique. Accompagné de deux excellents musiciens (Julie Dutoit au violoncelle et Ihab Radwan à la glissentar), il commence par planter un décor: quelques éclairages intimistes donc, et de l’encens. La chaleur est là, l’encens finit de nous envelopper dans un doux cocon dont on ne sortira que tard dans la soirée. Le concert peut commencer.
J’ai eu l’impression, au fil des chansons, d’avoir embarqué pour un véritable voyage, entre Espagne et Orient. Au pays de l’amour aussi: les débuts d’une relation, la passion, les déchirures, tout y est. Le violoncelle est là pour apporter un peu de cette délicieuse gravité qui donne tout son relief à de belles mélodies et qui les servent véritablement.
Sur la première édition de l’album « Autre chose », figurent 2 CD: d’une part un CD en version électrique, d’autre part un CD en version acoustique. Et c’est de cette dernière version dont je veux parler: j’ai été enchantée de voir que l’acoustique du concert ne ressemblait en rien à l’acoustique du CD. Tout avait encore été réarrangé. On constate qu’il y a eu un réel travail derrière tout cela, tant dans les réorchestrations que dans la force de l’interprétation.
Les choristes de la MCL venus le rejoindre sur les 3 derniers titres de ce concert ont encore donné une autre dimension à cette soirée.
Contrairement à une de ses chansons-poèmes « Si vous n’avez rien à me dire », lui en avait des choses à nous dire, des émotions à faire passer. On le sent heureux d’être là, de partager, de faire (re)découvrir son univers. Les interactions avec son public traduisent bien, je crois, ce fil qui ne s’est jamais brisé.
Après ce beau concert, l’écouter parler de son travail, de son cheminement jusqu’ici est un pur bonheur. Une vraie leçon aussi. Il m’a fallu 17 ans de patience pour espérer un jour rencontrer ce « faiseur de rêves et de bonheur », qui a réconforté mon enfance et qui accompagne désormais ma vie d’adulte. Autant vous dire que c’est une rencontre que je garderai longtemps, toujours dans un coin de ma mémoire. Je vous invite vivement à vous procurer son album et à aller le voir en concert s’il passe par chez vous. Ecoutez, diffusez sa musique, faites-la connaître. Son travail en vaut vraiment la peine. Sa musique est à l’image de l’homme qu’il est et inversement: gracieux, sobre, généreux, intense et fort.
Ce pari de mettre Victor Hugo en musique était osé, audacieux mais ô combien réussi. Souhaitons-lui le succès qu’il mérite bien.
Maintenant, nous n’attendons plus qu’un proche et rapide retour en terre lorraine pour à nouveau être enveloppé dans cette poétique atmosphère. « Je n’vois pas pourquoi on souhaiterait autre chose »…