Une agglo à 26
Selon la définition de la Confédération, l'agglomération "Sierre-Montana" compte 11 communes, découpage qui prévaut pour l'Office fédéral de la statistique. Treize communes se sont jointes au projet, notamment les communes d'Icogne et Lens qui ne sont pas prises en compte dans le découpage de Berne. En effet, alors que nos six communes viennent de créer une association, il était impensable que deux d'entre elles restent à l'écart! C'était d'ailleurs une exigence du Comité directeur de l'ACCM. Paul-Albert Clivaz, président du comité directeur de l'ACCM n'a pas manqué de souligner qu'il serait même judicieux de parler de l'agglomération Sierre-Crans-Montana (et non Sierre-Montana comme actuellement). Anniviers et quelques communes d'outre-Raspille ont manifesté également leur souhait de participer à ce projet d'agglomération (soit l'association Dalakoop et la commune de Leuk). Ce qui fait que, in fine, le projet d'agglomération regroupe maintenant 24 communes.
Oser être ambitieux
Ce printemps sera consacré à la définition de ces grands axes prioritaires pour validation en juin par les exécutifs municipaux. "Pour que l'agglomération ne soit pas une coquille vide, demande Paul-Albert Clivaz, il faut trouver un projet commun véritablement ambitieux. Un projet fou - pourquoi pas - qui mobilise les forces et les énergies. La liaison entre Crans-Montana et Loèche-les-Bains pourrait en être un." Le président de Sierre Manfred Stucky donne l'exemple du projet "Sierre se transforme" (projet d'urbanisation et valorisation du centre-ville): "la future nouvelle gare routière, la place de la gare doivent être pensées comme des lieux d'accueil pour toute la région. Sierre se doit être une interface, une plate-forme entre le Nord (le Haut-Plateau et la région de Loèche) et le Sud (Anniviers)." Un autre projet de la ville de Sierre nous concerne directement (en tous cas les communes de Montana et Randogne): il s'agit du contournement de cette ville qui se justifie en partie par le trafic d'accès à la station de Crans-Montana. La nouvelle route partira de Noës pour arriver à l'aval du village de Corin. Une deuxième partie de cette ceinture de contournement, si elle se réalise, devrait relier Corin à Venthône.
Pour faire court, on peut dire qu'une commune, toute seule, ne peut penser son développement sans collaboration avec les voisines. Et comme il y a de l'argent à la clé, l'opération "agglomération" vaut la peine d'être tentée!
Esquisser une vision
Comme cela se passe souvent, le processus a démarré par des ateliers et réunions où les représentants des communes ont identifié les atouts et les faiblesses. Esquisser une vision, poser un diagnostic, se fixer des objectifs: voilà ce à quoi se sont employés les partenaires concernés. Voici les points forts de cet état des lieux:
- En ce qui concerne les transports, les conseils municipaux se disent préoccupés par l'augmentation du trafic individuel motorisé et par les bouchons. Ils estiment d'autre part que les transports publics sont insuffisants.
- Ce diagnostic met également le doigt sur le manque d'immeubles locatifs. Et pourtant, la réserve à bâtir est importante.
- Les villages tiennent à leur vie propre et leur identité (sociétés, culture) et souhaitent promouvoir leur patrimoine bâti.
- Les petites communes ne désirent pas se peupler trop.
- Les villages de plaine, en rive gauche, veulent rester connectés avec les hauts.
- Les communes attendent de la ville de Sierre un partenariat renouvelé et qu'elle assume son rôle de leadership.
- Une coopération intercommunale est à développer dans les domaines suivants:
- aménagement du territoire
- services techniques
- bâtiments et infrastructures publiques (homes, écoles, sports)
- aires industrielles et artisanales (déchetterie)
- énergies
- alimentation en eau
- communication (promotion d'une image unitaire)
- entente fiscale, souhaitée par certaines communes
Le défi d'une nouvelle gouvernance
Le conseil d'agglomération chargé du pilotage du projet (présidé par la préfète Maria-Pia Tschopp) ne cache pas qu'un des défis sera de créer une nouvelle gouvernance, qui ne doit pas venir comme une "couche" supplémentaire. Dans le bulletin de Sierre-Région (qui paraît aujourd'hui et sera en ligne sur le site ce soir normalement), on explique qu'il s'agira de trouver une place dans l'architecture des projets existants:
"Une place et une fonction qui soient autres, différentes et complémentaires des découpages institutionnels. L'autonomie communale reste sacrée mais en même temps, il faudra bien abandonner certaines compétences communales au profit de l'agglo, un dispositif administratif et non politique, contractuel, ouvert, adaptatif... et piloté bien sûr par les communes. Cette difficulté, cette tension, toutes les agglomérations de Suisse les expérimentent, d'autant plus qu'il n'existe pas (encore) de loi fédérale ou de loi valaisanne sur les agglomérations. Concluante, la politique bernoise des agglomérations, par exemple, pourrait donner des pistes. Les échanges entre les agglo du pays et le coaching attendu de l'Etat du Valais seront de précieux apports. (A ce propos, une "cellule cantonale agglomération" est en phase de constitution.)"
Vous l'imaginez bien, nous aurons l'occasion de reparler de ce projet sur le blog de Crans-Montana, les billets concernant ce sujet se regroupent sous le nouveau tag "Agglo". Nos collègues de la presse vous en parlerons aussi, nous vous résumerons tout ça ici bien sûr.