La lutte contre les paradis fiscaux, initiée par le G20 après la crise financière, n’a pas bouleversé le monde des paradis fiscaux. Malgré les quelques progrès pour faire rentrer les Etats dans le rang, de nombreux exilés fiscaux et surtout les multinationales n’ont pas craint les réformes.
Des mesures peu efficaces
Lors du G20 de Londres, l’élimination des paradis fiscaux avait été annoncée comme étant l’une des priorités pour remettre de l’ordre dans le monde de la finance. Et certains changements promis ont été effectivement mis en œuvre. La première action fut de mettre en place des incitations auprès des Etats pour obtenir des échanges d’information entre les paradis fiscaux et les pays où résident les exilés. Pour cela, un groupe de revue par les pairs (Peer Review Group ou PRG) a été afin d’évaluer la bonne volonté des pays concernés et de pointer du doigt les mauvais élèves. Ceux-ci risquent une sanction sous forme d’amende s’ils n’améliorent pas leur transparence de manière conséquente d’ici à 2014. Mais la signature de ces traités d’échanges n’a pas eu jusqu’ici beaucoup de répercussions et les clients frauduleux n’ont pour la plupart rien changé, autrement dit ils continuent de dissimuler leur fortune.
Les multinationales toujours insouciantes
Les mesures prises par le G20 ont oublié les firmes transnationales. Or, pratiquement le tiers des IDE (investissement direct à l’étranger) des entreprises se trouvent dans les paradis fiscaux. Ainsi Google, grâce à une holding située en Irlande, à un taux d’imposition de 2.4%, contre à peu près 30% pour la moyenne des entreprises. L’entreprise au slogan « do no evil » économise ainsi plus de trois milliards de dollars par an, ce qui est d’autant plus choquant que l’Etat américain est endetté de 1400 milliards de dollars. Les négociations sur le sujet n’avancent pourtant pas à l’échelle mondiale et les multinationales ont encore de beaux jours devant elles.
L’éradication des paradis fiscaux doit donc rester une priorité dans le « nettoyage de printemps » du secteur financier, d’autant qu’ils sont à l’origine d’instabilité financière : un rapport de la Cour des comptes américaine a démontré qu’en 2008 une bonne partie des actifs toxiques subprimes se trouvaient aux îles Caïmans…