De nouveaux indices majeurs sur les réponses du système immunitaire qui pourraient contribuer à la protection des personnes contre l'infection à VIH, viennent d'être réunis par ces chercheurs de l'Université Duke. Premier indice, des anticorps spécifiques à une protéine appelée V1V2, sont associés à des taux d'infection plus faibles. Second indice, des niveaux plus élevés d'un autre type d'anticorps spécifiques à une autre protéine, IgA, sont associés à une moindre protection contre le virus. Basés sur les données d'études de suivi du plus grand essai jamais réalisé sur un vaccin anti-VIH, l'essai thailandais RV144, ces nouveaux résultats viennent d'être publiés dans l'édition du 5 avril du New England Journal of Medicine.
Cet essai de phase III de 6 ans, appelé RV144, d'un vaccin contre le VIH en Thaïlande, avait montré sur plus de 16.000 sujets adultes volontaires que le groupe recevant le schéma vaccinal s primo vaccination/rappel avait un risque réduit de 31,2% d'infection au VIH par rapport aux patients du groupe témoin qui n'avaient pas été vaccinés. Ces résultats, alors déjà publiés dans le New England Journal of Medicine en octobre 2009 montraient également l'innocuité de la combinaison vaccinale utilisée ALVAC® HIV et AIDSVAX® B/E, basée sur les souches du VIH qui circulent en Thaïlande.
Depuis, les chercheurs ont analysé des prélèvements issus de participants à l'essai RV144 pour évaluer leurs réponses immunitaires. Ils constatent, avec cette étude, que différents types de réponses immunitaires sont associés à différents taux, supérieurs ou inférieurs d'infection au VIH. «En étudiant les patients infectés vs non infectés, nous avons trouvé des indices très importants sur la façon dont l'essai RV144 pourrait avoir opéré», résume le Dr Barton Haynes F, auteur principal de l'étude avec le Dr Frédéric Hanes professeur de médecine et d'immunologie à l'Université Duke. « Notre hypothèse est que la protection immunitaire, dans l'essai, a principalement été médiée par les anticorps. Nous avons étudié tous les types d'anticorps isolés à partir de participants au RV144 et testé, sur des primates, l'effet protecteur des anticorps pour voir s'ils empêchent l'acquisition de l'infection ».
· Le premier constat est que les anticorps spécifiques à une protéine d'une région particulière de l'enveloppe du VIH, appelée V1V2, sont associés à des taux d'infection plus faibles chez les participants vaccinés. L'hypothèse est que, lorsque ces anticorps IgG se lient à la région V1V2 de la couche externe du virus, ils pourraient contribuer à prévenir l'infection.
· La seconde constatation suggère que les sujets vaccinés ayant des niveaux plus élevés d'un autre type d'anticorps spécifiques à une autre protéine, connus sous le nom IgA, bénéficient d'une moindre protection contre le VIH vs ceux qui présentent de faibles niveaux d'IgA. Ainsi, les chercheurs ne constatent aucune différence de taux d'infection dans le groupe vacciné à niveau élevé d'anticorps IgA et les témoins ayant reçu un placebo. Ces anticorps IgA pourraient en fait interférer avec d'autres réponses immunitaires induites par la vaccination.
Ces 2 principaux résultats, et les tests de laboratoire dont ils sont issus, peuvent aider à expliquer l'efficacité constatée dans l'essai RV144 et doivent être vérifiés dans de prochaines recherches afin d'évaluer leur importance pour l'effet protecteur du vaccin. Mais d'ores et déjà ils apportent de nouvelles pistes vers un vaccin encore plus performant et plus durable contre le VIH, souligne le colonel Jerome H. Kim du programme US Military HIV Research (PRSM), un des auteurs principaux de l'étude.
Source: NEJM « Immune-Correlates Analysis of an HIV-1 Vaccine Trial” et editorial “The Road to an Effective HIV Vaccine »
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