Qualité Motel
Motel Califorña
Mr. Label
Canada
Note : 6/10
par Élise Jetté
J’ai peut-être trop aimé Golden Bombay. J’aime peut-être trop Misteur Valaire. On dirait que j’ai du mal à saisir Qualité Motel comme étant un vrai groupe. Motel Califorña est, d’un point de vue tout à fait objectif, un album de compilation plutôt qu’un album du groupe pour lequel j’éprouve une admiration sans bornes depuis plusieurs années. Certes, Qualité Motel se dissocie et se veut un projet parallèle à Misteur Valaire. Or, on doit avouer qu’on s’attend à du bon vieux MV en se procurant Motel Califorña. C’est probablement la raison pour laquelle on écoute cette nouvelle parution avec un brin de perplexité.
Contrairement à Golden Bombay où l’on invitait également des chanteurs et chanteuses à se joindre à la fête, le groupe Qualité Motel propose une participation moins marquée des cinq gars au sein de l’album… À un point tel que l’on a l’impression d’entendre une simple compilation. Pleurez, vous qui aimez la facette jazz, les cuivres, la grande présence instrumentale que l’on connaît au groupe sherbrookois. Dehors les poids lourds, bonjour la table de musique électronique. Qualité Motel voyage léger.
Par le look vestimentaire, mais également par les sonorités, on remarquera un petit côté rétro et de j’aime-bien-mettre-les-vêtements-que-je-portais-en-sixième-année. Outre le fait que l’unité électronique ne suffise pas à créer une unité tout court, ça reste un album qui s’écoute bien sur une terrasse en buvant de la sangria (à moins que vous soyez un étudiant en grève), ou les fenêtres baissées pendant un road trip, mais il est difficile d’associer ce disque à un quelconque artiste. On s’entend pour dire que les gars de Misteur Valaire/Qualité Motel maîtrisent la musique électro avec des doigts de fées, mais on dirait qu’à cause de ça on s’attend à plus. Pourquoi enregistrer un disque sur lequel un novice pourrait carrément ignorer qu’il s’agit de ces brillants musiciens ? Je me plais à imaginer qu’ils ont décidé de s’offrir un party et qu’ils reviendront rapidement à leur projet initial. Je les aime moi leurs trompettes et leurs saxophones.
Je suis peut-être difficile, mais je n’ai pas reconnu les racines MViennes dans Qualité Motel, malgré toute l’originalité qui se retrouve dans les textes et qui ne sont malheureusement pas les leurs. C’est pourquoi je crois qu’il est essentiel de mentionner que ce disque est un disque qui appartient autant à Fanny Bloom, Béni BBQ, Pintandwefall, Grand Analog, Caracol, Yann Perreau, Elisapie Isaac, Mrs.Paintbrush, James « Q-Pid » Di Salvio, Usetowork, Stefie Shock, Amélie Glenn, Mitsou, Socalled, Wija et Karim Ouellet qu’aux mecs de Qualité Motel, car lorsqu’on porte attention, ils ne sont qu’une trame. Une excellente trame électronique, mais qu’une trame quand même. Soulignons le duo magnifique de Yann Perreau avec Elisapie Isaac. Tout ce qui sort de la bouche de Perreau est d’une poésie infinie. À quand un nouvel album? Bon coup également pour Socalled qui fait un jeu de mots tout à délicieux avec Piscine/Pool… Pisse in the pool vs Piscine, the pool. Bref, ça fait rire.
Les paroles sont bien intéressantes, mais les collaborateurs y sont pour beaucoup. Vous aurez un nouveau disque d’électropop facile à écouter. C’est un bon album pour mettre de l’ambiance, mais on a l’impression que le party est plus intéressant pour le groupe que pour l’auditeur. Ce n’est pas mauvais, mais ça manque de relief. Rares sont les albums qui réussiront à être aussi linéaires en ayant autant de visages différents qui y sont associés.