FAIM D’ESPACE
J’ai faim d’espace car l’espace est une mousse de lumière
un galop d’écume, l’expulsion d’un cri d’une poussée
il est la dilatation de l’air il est la délivrance nue le prolongement de la peau
il est l’expansion l’extension élastique de chaque trait
la convergence de toutes les lignes en un même frisson
une même orgie de poudroiement de gauchissement plumeux
j’ai soif d’espace car l’espace est ce qui élargit unit
ce qui ne fait qu’une bouchée tant de l’ici que de l’ailleurs
l’espace – oh oui, l’espace ! - m’est appel sans notion de confins
avec pour seule promesse les lointains et les horizons
j’y plonge mon œil affolé par ses concentriques chemins
il écartèle mon regard jamais lassé de son haut vol
de sa perpétuation qui pulvérise les grains de soleil
il est peut-être la racine de mon insatisfaction
l’axe de ce vacillement secret qui me tient lieu de présence
Patricia Laranco
Einstein, le physicien le plus intelligent que l’humanité ait jamais enfanté, mourut en 1955 sans avoir eu le temps de nous révéler la vérité étrange et énigmatique de ce qu’on appelle « espace », après nous avoir démontré que le Temps n’est qu’une illusion. En effet à la vitesse de la lumière les aiguilles d’une montre s’arrêtent complètement et la matière vivante conserve son état initial. Ce qui montre que la durée est uniquement psychologique.
Quant à l’espace, il garde toujours ses secrets, bien que l’idée d’illimité soit inconcevable et donc illogique. Serait-ce aussi une illusion ou une entité purement psychologique ?
Einstein est mort mais notre poétesse , munie seulement de sa sensibilité aiguisée d’artiste et de l’intuition hors pair que nous lui connaissons, semble bien le ressentir en formulant ce grand nombre de définitions de l’espace qui, malgré leur extrême diversité, le ramènent à une sorte de « réalité subjective » donc à un objet réel saisissable par les sens et non par l’esprit.
Einstein n’est plus là pour évaluer le degré de véracité de cette conception de l’espace mais en tant qu’amateurs de belle poésie nous ne pouvons qu’admirer ce flot d’images que les capacités de la poétesse a conçues .
Et en voici quelques exemples : l’espace est une mousse de lumière / un galop d’écume /l’expulsion d’un cri d’une poussée / il est l’expansion l’extension élastique de chaque trait / la convergence de toutes les lignes en un même frisson / j’y plonge mon œil affalé par ses concentriques chemins…
Je m’arrête sinon je vais recopier tout le texte. Chapeau bas, poétesse !
Mohamed Salah Ben Amor