Jabeur Mejri et Ghazi Béji ont tous deux 28 ans. Ils sont Tunisiens et athées. Pour cette raison, ils viennent d’être condamnés à sept ans et demi de prison ferme par le tribunal de Mahdia, peines assorties d’une amende de 1200 dinars.
Cinq ans pour trouble à l’ordre public et transgression de la morale, deux pour avoir porté préjudice aux tiers à travers les réseaux publics de communication, et six mois pour transgression de la morale : c’est la sanction qui s’est abattue sur ces deux jeunes blogueurs coupables d’avoir publié des écrits anti-islamiques et des photographies caricaturant le Prophète en pédophile.
Avant que plusieurs plaintes ne conduisent à une enquête de police à leur encontre, les deux amis ont essuyé des licenciements abusifs, des insultes et des menaces. Jabeur a été arrêté et emprisonné à Mahdia. Ghazi s’est enfui En ce moment même, il survit clandestinement dans un pays d’Europe qu’il a gagné à la nage après, selon ses dires, avoir demandé protection au bureau de l’ONU pour les réfugiés en Algérie. Et avoir simplement été interrogé sur les raisons pour lesquelles il a commis ce brûlot. Ecrite et publiée après la révolution, sa nouvelle intitulée « L’illusion de l’islam » lui a valu le 12 mars le procès-verbal suivant : « Doute de l’existence de Dieu, doute de l’existence d’une religion nommée Islam, doute de l’existence du Prophète Mohamed (QSSL) avec justificatifs du doute comme y insiste l’auteur ».
Selon Le Courrier de l’Atlas, « les lois en vertu desquelles les jeunes internautes ont été jugés n’étaient que rarement appliquées dans l’ère Ben Ali, essentiellement dans les procès d’opposants politiques ».