Dominique Delmas cite
un juriste allemand qui affirme péremptoirement qu’il existe un droit naturel,
propre à tous les peuples. La justice est universelle et, au fond de nous, nous
savons ce qui est juste.
Pascal disait pourtant : « Vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au-delà » (repris de
Montaigne.) Pour beaucoup d’Américains, le riche crée la richesse, l’impôt est
un vol, et celui qui en profite, le pauvre, un criminel. Pour beaucoup de
Français, le riche doit sa richesse aux imperfections de la société et il est « juste »
qu’elle la redistribue. Pour certains, il est juste que l’individu se sacrifie
pour le groupe, pour d’autres, l’homme a des droits inviolables. Pour d’autres
encore, les droits de l’homme ne s’appliquent pas de la même façon à tous. Par
exemple, en Angleterre les prisonniers perdent le droit de vote.
En bref, la notion de justice est probablement universelle. Par
contre ce qu’elle recouvre ne l’est pas. Chacun voit midi à la porte de son
expérience et des intérêts de son milieu. Plus exactement, la justice
correspond probablement aux règles de cohésion du groupe auquel on appartient.