Le pacifisme poussé à l’extrême, l’humilité et même le don de soi… Ce ne sont pas des qualificatifs trop forts pour incarner Aung San Suu Kuy. Elle qui a mis une partie de sa vie au service de la Birmanie, et tenté de faire entendre sa voix face à la junte. Dimanche, fait historique, son parti a remporté des sièges à la Chambre basse et elle-même a été élue députée. Une victoire pour cette femme exceptionnelle qui avait déjà obtenu le Prix Nobel de la paix en 1991.
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Assignée à résidence pendant 14 années, emprisonnée même, Aung San Suu Kyi a su passer tous les obstacles et tenir bon jusqu’à cette première victoire. Dimanche dernier, elle a emporté un siège de députée à la Chambre basse avec un objectif, amender la Constitution pour réduire le rôle prééminent de l'armée dans le système politique birman. Quant à son parti LND (Ligue nationale pour la démocratie), il a remporté, officiellement au moins, 40 des 44 sièges qu’il briguait.
« La Dame », surnom donné par ses partisans (et stigmates d’un temps où il était interdit de prononcer son nom) a mené un combat acharné pour semer les graines de la démocratie en Birmanie. Fille du général Aung San, héros de l'indépendance birmane, assassiné en 1947, elle grandit à l'étranger, où elle fait ses études et se marie. Elle ne revient dans son pays qu'en 1988 et se retrouve mêlée à l'agitation étudiante qui entraîne la chute de Ne Win, à l'origine du coup d'Etat de 1962. Elle crée alors la Ligne nationale pour la démocratie (LND). A 66 ans, elle est devenue une véritable icône dans son pays mais aussi à l’étranger où est saluée son action pacifiste.
Ses marges de manœuvre paraissent encore étroites, les militaires contrôlant encore le pays. Mais ses partisans ont tous une nouvelle échéance en tête, les élections générales de 2015, date à laquelle « la Dame » pourrait prendre définitivement la tête du pays.