C'est drôle, parce que quand on a vu "The Raid" en séance du soir en mars au dernier festival du film asiatique de Deauville (le film était en compétition dans la section Action), on a adoré tout en se disant que le scénario tenait sur un ticket de métro... et puis, chemin faisant, promo faisant, je lis, par ci par là, que c'est le film d'action du siècle ou pas loin... Faudrait quand même pas pousser Mémé (Mad dog, personnage fort du film...) dans les orties... Dans cette ébauche de scénario, pas mal d'incohérences comme cet unique habitant "normal" de la tour/forteresse inattaquable où vit l'ennemi public numéro 1 et sa bande, où la police n'ose pas mettre les pieds depuis dix ans. Un peu isolé le monsieur qui vit en famille parmi les tigres? Pas de doute... Mais il faut bien qu'il existe pour la suite de l'histoire, quand, reconnaissant qu'on lui ait laissé (au début du film) apporter des médicaments à son épouse, il va abriter l'ennemi, ce qui donnera l'occasion d'une scène incroyable où les truands attaquent les cloisons de son appartement au sabre, où les deux réfugiés derrière la cloison encaissent les blessures sans un mot... Mais il ne faut pas se leurrer, au départ, "The Raid", film Indonésien de derrière les fagots, a été créé comme une petite série B saturée d'adrénaline, inspirée des jeux vidéo, qui n'attendait pas une telle reconnaissance (le réalisateur vient de présenter le film la semaine dernière à Paris où ce fut l'enthousiasme, si j'en crois les commentaires sur les réseaux sociaux). Au passage, moi qui n'ai absolument pas l'habitude de ce genre de film, quand je constate combien "ça détend" (un peu comme quand on écoute du rock...), cela donne à s'interroger sur l'aspect jouissif, cathartique, au delà de ludique, du spectacle de la violence quand elle est brillamment stylisée, chorégraphiée...
Pitch.
Une citadelle imprenable au coeur des bidonvilles de Jakarta, refuge d'un baron de la drogue et des ses accolytes. Quand une unité d'élite de la police ose y organiser un raid éclair afin de capturer le caïd, ce dernier, qui vit derrière ses écrans de contrôle, est aussitôt prévenu et ordonne à ses troupes de bloquer toutes les issues... Prisonniers du bâtiment, les policiers vont affronter les truands tueurs à tous les étages, un par un, dont les deux lieutenants "bras droits" du boss : un petit teigneux imbattable, que les combats mano a mano transfigurent comme 10.000 orgasmes, et un beau mec plus ambigu...
"THE RAID" (Indonésie, 2011) de Gareth Huw Evans
photo SND films
Une unité spéciale de la police de Djakarta se prépare à investir un immeuble de 10 étages transformé en forteresse par un gangster, baron de la drogue, ses deux gardes du corps, et leurs sbires. Ils descendent de leur fourgon blindé au pied du bâtiment et rejoignent le policier en civil qui a demandé leur intervention et qui doit se joindre à eux. Si le début de l’opération se déroule sans grande difficulté, la progression vers les étages supérieurs, d’où le caïd dirige son petit monde devant un mur d’écrans de caméras de surveillance, est entravée par la mobilisation violente de tous les occupants de l’immeuble, armés jusqu’aux dents, dans une bataille sans quartier. On comprend bien vite que le combat est inégal, le policier en civil, en fait corrompu, a agi sans couverture officielle dans le cadre d’une rivalité entre gangs et sur ordre du clan rival. Isolés dans l’immeuble hostile, les policiers ne peuvent ainsi attendre aucune aide extérieure pour s’emparer du patron de l’immeuble, ni même simplement pour s’échapper de ce traquenard.
photo SND films
Les amateurs de combat rapproché sous toutes ses formes, avec arme à feu, arme blanche, pieds et poings, séparément ou simultanément, en ont pour leur argent durant bien 80 des 100 minutes du film. Le scénario de ce qui se passe ou se dit entre les scènes de bagarre tient sur le quart d’un timbre poste, en écrivant gros, mais qui s’intéresse au scénario si ce n’est comme support et fil de liaison entre les épisodes de combat ? Par contre, les scènes violentes bénéficient d’une chorégraphie digne du Bolchoï, menée par un chef des policiers sosie d’Antonio Banderas jeune. On se demande dans quelle imagination le réalisateur va chercher tout ça, où il va puiser autant de rebondissements dans des scènes de close combat dont l’intensité est ponctuée par des applaudissements de la salle comme le ferait un public de théâtre. C’est que le film est en fait construit comme un calque parfait de ces jeux vidéo dans lesquels on doit passer de niveau en niveau, ici d’étage en étage, après avoir triomphé d’épreuves de difficulté croissante, ici d’adversaires de plus en plus performants.
photo SND films
Les combats sont aussi violents que bondissants, irréalistes tant les protagonistes encaissent sans sourciller les coups les plus percutants. Les échanges rapprochés sont un véritable ballet de parades et de contre-coups à la vitesse de l’éclair dont les meilleurs films de Kung fu ne sont que de fades devanciers. Le plus étonnant est que devant un tel déluge, on finit, quoi qu’on en dise, par se prendre au jeu, par ne plus compter les victimes, ne plus même les voir autrement que comme des points sur un score qui grimpe, et par se laisser hypnotiser par la danse belliqueuse de tout ce beau monde qui peut tirer 250 balles d’un pistolet à 6 coups sans que nul ne s’étonne le moins du monde.
SE
*** le titre de cet article est "inspiré" de la chanson "Les Coups" de Johnny Hallyday...
Note CinéManiaC :
Notez aussi ce film !