Aung San Suu Kyi, la dame de Rangun, était il y a peu de temps encore en résidence surveillée. La junte birmane, hautement zélée, réprimait à qui mieux mieux ses sympathisants : arrestations arbitraires, interrogatoires musclés, tortures subtiles…
Et puis soudain une éclaircie ! Les vilains militaires, autocrates corrompus, ont libéré le petit oiseau aux plumes trempées dans le vitriol pamphlétaire ! Ils l’ont laissé s’envoler jusqu’aux cimes du grand arbre démocratique qu’on appelle le suffrage !
Aung San Suu Kyi vient de remporter, avec une quarantaine de ses aficionados de la Ligue Nationale pour la Démocratie, la quasi totalité des 45 sièges à pourvoir (sur un total de 664 députés) lors des élections partielles du 1er avril !
Pour un poisson d’avril, c’est un poisson d’avril, se dit, tout en se léchant les babines, le petit chat birman. Je vais le manger tout cru ! Mais ce poisson n’a pas à être cru ! Il n’est pas un poisson d’avril ! Il a de véritables ‘arrête- ta-junte » et nage dans l’eau frétillante d’une démocratie à construire !!
Cependant, en dépit de tant d’espoirs érigés des questions demeurent. Pourquoi la junte a-t-elle donné le feu vert au président Thein Sein afin d’opérer une ouverture vers Suu Kyi ?
Jusqu’où la marche vers la démocratie peut-elle aller ?
Deux conceptions s’affrontent.
Il y a ceux qui ne voient dans l’ouverture qu’un leurre de démocratisation afin de faire lever les sanctions (embargo) décrétées par l’Occident et de se libérer de l’unilatéralisme commercial chinois !! Ils ne sont pas dupes et constatent, avec effroi, l’accumulation des armes dans les casernes, le maintien des détentions d’opposants politiques…
Mais pour l’immense majorité des Birmans, qui ont admiré la prestance cathodique de Suu Kyi, qui ont pu rêver au son de sa voix portée sur les ondes radiophoniques, le doute n’est pas de mise ! Une page se tourne ! Suu Kyi et ses 40 élus vont se battre au sein du parlement pour l’abolition des lois les plus injustes !
Dieu les entende !!
Si Dieu existe !